Le Forestier repasse une couche de bleu
Je devais avoir treize ans je crois. Un terrain de camping à Confolens, en Charentes, un camp d’ados. Un soir, un feu de camp. Et Jojo, un grand, jolie barbe bien taillée, qui sort sa guitare. « C’est une maison bleue / Adossée à la colline / On y vient à pied / On ne frappe pas / Ceux qui vivent là / Ont jeté la clé… » C’est de ce jour-là, par ces paroles-là, que je suis « entré » en chanson. Dès mon retour, j’ai cassé ma maigre tirelire pour m’acheter au supermarché du coin un précieux album, mon premier 33 tours : Le Forestier en public. Comme il me restait un tout petit peu de sous, j’ai même pris un 45 tours 4 titres des Chœurs de l’Armée rouge. Avec Les bateliers de la Volga si je me souviens bien. Bravache, je me vantais ensuite auprès de mes grandes sœurs (qui n’écoutaient que de la variété : Sheila et Ringo, Mike Brant, David-Alexandre Winter et autres étoiles du hit-parade) d’aimer aussi et Brel et Brassens, et Ferrat et Ferré. Et Moustaki. Je me distinguais d’elles, fièrement. Que des noms que forcément je devais connaître et me sont sortis comme ça. Merci à cette principale-adjointe du collège qui me prêta les disques de ces gens-là. Ma môme, Amsterdam, Ma liberté, Pauvre Rutebeuf, Hécatombe (déjà !) et pas mal d’autres chansons me sont ainsi venues. Mais tout a commencé par cette maison bleue…
Quarante après son premier album, Maxime Le Forestier repasse une couche. D’abord il ressort ce disque, en version collector, avec plein de trucs en plus, inédits de l’époque et enregistrements publics jamais publiés. Et puis ses collègues de bureau de chez Polydor se sont cotisé pour ré-enregistrer tout le disque d’origine : chacun une chanson. D’Adamo à Emily Loizeau, de Calogero à La Grande Sophie, de Juliette et François Morel à Ayo et Féfé… Avec de très jolis moments. Ça se nomme La maison bleue et sort en bacs le 4 juillet. Et enfin, une autre et troisième couche… sur la maison bleue, à San Francisco, bâtisse qui, horreur et déconvenue, n’est pas bleue mais verte. L’herbe devait être bonne et la fumée épaisse au point de passer pour quasi daltonien. Alors la société Ressources, « marchand de couleurs et décorations », fourni les pinceaux et la peinture, le solvant peut-être aussi, pour entériner une belle histoire et voir de nouveau la vie en bleu. A quarante ans de distance, Le Forestier fait le joint.
On lira un papier que je viens d’écrire pour le site « Les Influences ». Un papier bleu comme il se doit. « Bleu Maxime » ça se dit ?
c’est très beau, ce que vous dites là.
Surtout que moi aussi je l’ai aimé ce 33 tours.
Combien de fois je l’ai écouté, à en usé les sillons…
Notre fils a fait ses premières gammes à la guitare avec toute les chansons, et nous de l’accompagner en chœur et encore….
Ce serait intéressant de savoir comment les uns et les autres, nous sommes tombés dans la chanson d’auteur… Je me souviens bien de ce disque fabuleux de Maxime… (et curieusement aussi du camping de Confolens !!! Mais mon entrée dans la vraie, belle chanson, s’était déjà faite avant : vers mes cinq ans, j’écoutais Ballade en Automne de Anne Vanderlove et il n’y avait rien de plus beau que ses cheveux dans les yeux . C’est comme ça que moi aussi, j’ai échappé à Sheila et ses rois-mages:)
Le forestier c’est du tout bon, et il faut absolument le voir sur scène, dans ses propres chansons, accompagné par trois excellents musiciens, dans un spectacle vivant et décapant, mêlant nouveautés et classiques, musicalement revisités avec bonheur.
Je suis moins emballé par son Hommage à Brassens, qu’il a tourné deux années durant, cahiers ouverts sur le pupitre, et formule minimaliste guitare voix.
Pour revenir sur le commentaire de Gaspard, oui, ce serait amusant de savoir comment et par quel(s) artiste(s) et quelle(s) chanson(s) les amateurs de chanson d’auteur, visLes Ballons rougesiteurs de ce blog, sont venus à la chanson.
En ce qui me concerne, je dois mes premiers frissons à l’écoute des disques de Leny Escudero (A Malypense – L’Arbre de Vie – Merci tout p’tit ), Reggiani (Le petit garçon – Sarah - Ma Liberté), Serge Lama (Les ballons rouges – A quinze ans) et Jean-Pierre Réginal (Les mots s’en vont – Vivre).
Le Forestier est arrivé peu après, avec Moustaki, Nougaro, Fanon, Debronckart, et la vraie découverte des géants Barbara, Brel, Brassens, Ferré, au delà de leurs succès de l’époque. Liste non exhaustive, bien sûr.
On a tous eu notre période Le Forestier par contestation, pour faire baba cool, mais c’est vrai que les chansons étaient jolies… Mais je n oublie pas non plus Caradec, Charden qui a eu de très belles mélodies comme « Le seul bébé qui ne pleure pas » ou « 14 ans les gauloises ».
Pour moi il n y a pas de chansons d’auteurs il y a la chanson c’est tout. Soit elle nous touche, soit pas. Une chanson dite popu peut vous marquer à vie… La chanson c’est juste.. 3 petites notes de musique…
Réponse : Ne peut-on pas apprécier Le Forestier pour ce qu’il est, pour le grand artiste qu’il est, plutôt que « pour faire baba-cool » ou « par contestation » ? MK