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Brassens, sous nos yeux ravis

Brassens ou la liberté, 20 mars 2011, Cité de la musique, Paris. De notre envoyé spécial sur le front de la chanson.

Un des multiples dessins de Joann Sfar

Bien sûr la scénographie est des plus sympa, la déambulation de Clémentine Deroudille joyeuse, les dessins de Joann Sfar tendres, drôles et drôlement intelligents, bien sûr ce bois ciselé de partout qui tend ses jolies branches « J’n’aurais jamais dû m’éloigner de mon arbre… » Bien sûr ces photos inconnues prélevées sans doute à des tas de collections privées. Ces objets du bon maître, ses guitares… Et ces manuscrits de partout, comme s’il en pleuvait, comme s’il avait passé toute sa vie à écrire, à travailler ses écrits (vous y verrez nombre de versions de nombre de chansons, que des originaux de la main du chanteur), à correspondre (à ses amis, à ses parents…). Tout est là, sous nos yeux ravis, à étancher notre soif de tout savoir, satisfaire notre appétit de tout voir, de grappiller plus encore du Sétois, d’aller plus encore en fraternelle connaissance, en posthume compagnonnage. C’est réussi, avec de belles trouvailles, un esthétisme simple et sans prétention. Un peu comme Brassens, à l’idée qu’on s’en fait. Aux casques ou aux téléphones, écoute intime, on capte ses propos qu’on boit comme du petit lait, qu’on tête presque ou pis encore. Mais le plus important n’est pas là je crois. Il est sur le visage de ces gens de tous âges, les regards qui se croisent, les sourires qui s’échangent. Le bonheur… Dans ces gosses qui touchent Brassens, s’amusent avec lui au gré des gags et des gadgets disséminés à leur juste hauteur. Par tout ces gens qui peinent à ne pas chanter en même temps que ces bandes son irradiant l’exposition. Il pourrait y avoir de la tristesse pour l’oncle défunt, il peut y avoir quelques larmes de pure émotion, il y a d’abord et avant tout de la joie. Sans être dans un total ailleurs, bunker protégé du monde, isolé du réel, nous sommes en terres de Brassens, terreau du bon sens. Il y a là un peu beaucoup du meilleur de l’homme.

Brassens, sous son arbre… (photo DR)

Comme un refuge singulier, loin de toutes usines à neutrons qui pètent, de tout avion qui large sa piteuse ration de mort, de tout sordide calcul en ce jour de pourtant votation.
Avec cependant ce passage obligé par la case « marchands du temple » où, c’est vrai, tout est bon à acheter, y’a rien à jeter. Du Brassens plein la gueule décliné en tout ce que vous voulez. Le catalogue de l’exposition bien sûr, des livres et des disques, majoritairement. Et des affiches, des cartes postales, des boîtes à musique qui nous chantent Le vieux Léon ou L’Auvergnat. C’est pas que c’est indécent, non… Reste que ça fait drôle de constater un tel et fructueux commerce. Si encore il y avait, sur l’étal, des petites culottes griffées Brassens, pour que l’âme du gaillard poète se mette à chatouiller nos sens…

Jusqu’au 21 août à la Cité de la musique, à la Villette, 221 avenue Jean-Jaurès 75019 Paris. Le site de l’expo, c’est ici.

4 Réponses à Brassens, sous nos yeux ravis

  1. Marc 21 mars 2011 à 12 h 37 min

    Oui, d’accord avec toi, c’est indécent tous ces gens qui veulent faire du profit avec les artistes… Tu devrais relire les articles du blog d’un certain Michel K. qui se plaint souvent d’une biographie de Bernard Lavilliers non défendue par la presse nationale… Pourquoi se plaint-il sinon pour en vendre plus ??

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  2. odile 21 mars 2011 à 19 h 07 min

    Rien à voir Marc,vous êtes injuste, un biographe n’est pas un « marchand du temple ».
    Et si M. Kemper se désole, ce n’est pas pour le profit mais c’est tout simplement parce que l’on censure quand même un peu son livre.
    Seulement c’est le contraire qui s’est produit.

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  3. Réjanie13 21 mars 2011 à 23 h 07 min

    « Ils » c.à.d tous les grippes-sous qui cherchent à mourir riche ressortent tout ce qui est « ressortable ».
    Mais après, libre à tout un chacun de ne pas y aller et si l’offre et la demande ne sont pas aux rendez-vous. La ritournelle s’arrêtera faute de personne pour tourner la manivelle

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  4. Ritsuko 7 avril 2011 à 16 h 19 min

    J’ai pu voir cette exposition lors de mon passage à Paris (et c’est grâce à vous qui en aviez parlé dans une des pages précédentes). Ce qui m’a impressionnée le plus, c’est justement ce que vous écrivez « le plus important ». Ce long fil d’attente à la billetterie dès l’ouverture, ces gens qui regardaient très attentivement chaque photo, chaque objet, qui se mettaient à fredonner dès qu’ils avaient entendu « Les copains d’abord », des jeunes et des enfants qui s’amusaient, etc. Je me suis rendu compte à quel point Brassens est aimé et présent dans les cœurs des gens 30 après sa disparition.

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