Perret et le pot aux roses, vraiment ?
C’est d’abord une guerre sans politesse et sans merci entre une journaliste du Nouvel Obs’, Sophie Delassein, et un vieux chanteur, Pierre Perret, soixante-dix-sept ans aux fraises, le tendre et rigolo Pierrot, très chatouilleux sur son image et sur ce que l’histoire retiendra de lui.
C’est l’histoire d’un jeune homme, apprenti chanteur ambitieux, rimailleur jovial et futur grand de son art, fan d’un vieux poète ronchon : Léautaud. Et d’un autre, un géant, que les trompettes de la renommée ne cessent encore et plus que jamais de célébrer : Brassens. Pour lequel les gardiens du temple renâclent à lâcher quoi que ce soit qui ternirait la sainte hagiographie.
Perret – je résume – dit avoir très bien connu Léautaud, tant qu’il fut un de ses familiers, au milieu de ses chats presque. Et dit que Brassens prit ombrage du succès naissant du natif de Castelsarrasin.
Pierre Perret est-il un menteur ? A-t’il vraiment connu Paul Léautaud autrement que pour une dédicace (cette preuve qu’a retrouvé Perret et qu’exhibe complaisamment et sans grande confraternité L’Express). Jalouse-t’il à ce point le père Brassens pour en écorner à présent la mémoire ? A-t-il aussi, comme le suggère Sophie Delassein, pillé, prélevé, ponctionné, chipé, volé à d’obscurs poètes maudits, tous publiés à compte d’auteur et en fort peu d’exemplaires, de quoi nourrir tout ou partie de ses chansons polissonnes ?
Delassein le prétend et on dit qu’il pourrait y avoir des surprises dans son défilé de témoins, lors du procès des 22 et 23 de ce mois. Perret jure ses grands dieux de l’ignominie, de l’offense à ses yeux impardonnable : il est vert de colère !
Convenez que nous sommes loin, très loin du doux chant de l’alexandrin…
Menteur, pilleur ?… Au moins sur l’accusation de plagiats, je n’ai jamais été convaincu de l’argumentaire de ma consoeur Delassein. Car où sont les preuves, si ce n’est des dires de bouquinistes sans, pour l’heure, de titres d’ouvrages et d’auteurs ? (au moins aurait-elle pu lorgner sur les copies respectives de Pierre Louki et de Pierre Perret quant aux Jolies colonies de vacances). En présentera-t-elle d’ailleurs à l’audience ?
Reste que ce procès fera date dans les annales de la chanson. Et Sophie Delassein (deux mois d’enquête, à ce qu’elle dit), si elle gagne, gagnera les galons d’avoir « dénoncé » une légende et une œuvre quelque peu falsifiées, selon elle.
Mémoire fantaisiste, emprunts… Mais pourquoi diantre la justicière Sophie Delassein n’a-t-elle pas écrit un seul mot sur Bernard Lavilliers ? J’aurais pu lui fournir, moi, solidarité simple de notre artisanat, moult preuves (six ans d’enquête, à ce que j’ai vécu), largement de quoi étayer des propos pour le coup nets et sans (possibles) bavures.
Je ne me prononce pas, car comme beaucoup de ma génération, Pierre Perret fait partie des incontournables, on a tous chanté Les colonies de vacances, La cage aux oiseaux ou encore Le zizi.
La découverte d’un plagiat serait une immense déception pour moi… Donc à suivre
Réponse : Je crois effectivement que ce procès, puisque procès va avoir lieu, sera intéressant à suivre. Je dois avouer beaucoup aimer Pierre Perret, en tous cas son œuvre, ses chansons. Le personnage m’irrite quelque peu, persuadé qu’il est d’être unique dans la chanson, d’avoir (presque) tout inventé, chanson antiraciste, chanson sociale, etc. MK
S’il y a eu plagiat où sont les auteurs copiés ? Il me semble que si un de mes textes se retrouvait pompé par un chanteur aussi connu que Perret, je ferais ce qu’il faut pour le dénoncer. Mais là, aucune réaction publique.
L’exercice de « l’emprunt » se retrouve chez bien d’autres auteurs. Gainsbourg a glissé quelques phrases dans ses textes, tout comme dans ses aphorismes, sans que cela ne choque personne. Quant à Lavilliers, l’auteur de ce blog est bien placé pour en parler.
En ce qui concerne « l’affaire Léautaud », franchement cela n’intéresse pas grand monde. Quelle importance ? Perret menteur ? Perret affabulateur ? Et alors ? Dans ce milieu les « inventeurs d’histoires » sont nombreux.
Ce qui compte le plus, c’est la capacité de l’artiste à faire rêver et chanter le public. Après plus de cinquante ans de carrière, je crois que le contrat est rempli par Pierre Perret.
Olivier
Réponse : D’accord avec vous : quand on parle de plagiats, il faut en apporter la preuve. Peut-être que la journaliste Sophie Delassein en aura dans sa manche lors de ce procès. Combien de fois ai-je entendu, sur Saint-Étienne, des gens me dire que Lavilliers (à l’époque où il vivait sur Saint-Étienne et débutait sur les scènes locales) avait piqué des chansons à d’autres. Chaque fois je répondais à mes interlocuteurs : « Prouvez-le moi d’abord ». Car il est évident qu’on ne peut imprimer des affirmations, des ouï-dire, sans en avoir la preuve. Sur « Les jolies colonies de vacances », il me semble qu’il y a là une ressemblance assez troublante… Et que, là, ça vallait le coup d’amener les éléments de la réflexion. MK
Juste une petite remarque.
Perret aurait plagié les Lettres de Vacances du grand Pierre Louki dont je suis un admirateur, comme je le suis de Perret.
Perret a enregistré Les jolies colonies de vacances en 1966.
Louki est décédé en 2006.
Ne croyez-vous pas que Louki aurait eu le temps de porter une réclamation s’il avait supposé une supercherie ?
Comme il est triste que cette histoire ait pris autant d’importance.
Triste aussi que l’égo surdimensionné de Guy Béart ait poussé certains Amis de Georges et Sophie Delassein à vouloir précipiter un artiste de la dimension de Pierre Perret dans un gouffre profond.
Il est cependant notoire que cette Delassein, outre qu’elle soit dépourvue de toute créativité et talent journalistique, est coutumière des incidents et ne semble vouloir se complaire que dans l’opposition et la destruction.
C’est cette Delassein à qui l’on devrait intenter un procès.
Quand au Nouvel Observateur, j’ignorais que cela existait encore…