Revoir Lenorman, dis
On recule sa montre de trois ou quatre décennies, on se souvient de « ces matins d’hiver, dans la nuit froide et glacée » et on fait fête à Gérard Lenorman. Ce papier exhumé remonte à avril 2003, à La Forge au Chambon-Feugerolles
Archive. Ça a beau être La Fête des fleurs en toutes saisons chez Lenorman, son public n’est plus vraiment au printemps de la vie. Ça automne, précisément. Mais sans frimas, avec beaucoup de chaleur. On s’en vient voir celui qu’on nomma jadis le Petit Prince de la chanson. Par franche adhésion ou par simple curiosité de proximité…
Dès son entrée en scène, Gérard Lenorman nous chante Il me reste de toi…. De lui donc, beaux restes. Comme si le temps l’avait épargné d’outrages, seulement renversé sel et poivre en abondance. Il a la fière allure d’un toujours rêveur, d’un tendre infini, d’un grand gamin. « C’est du chagrin, d’la romance / Moi j’donne du rêve aux gens, des souvenirs cassés… » nous chante-t’il. Et c’est à peu près ça. Toujours la même voix fragile, voilée, un peu chevrotante, pas Clerc mais pas troublée, un peu éraillée façon Mister Renard. Doivent se connaître…
Lenorman va s’employer à tirer un fil qui détricote une époque pour habiller notre soirée : ce n’est, à l’exception de quelques titres peu ou pas connus, qu’un best-of qui fait se succéder les tubes et rien que les tubes : ça fait Beaubourg et jolie scène, ça charrie des souvenirs à la pelle. Vous souvenez-vous de Michèle ? C’est bien loin tout ça… Elle est là, elle et Les matins d’hiver, Quelque chose et moi, De toi, Voici les clefs (avec une orchestration aux couleurs de la Jamaïque)… tous les grands classiques de l’artiste.
Oh, tout n’est pas bon dans ses textes (« Je nommerais Mickey premier ministre de mon gouvernement / Si j’étais Président » fait, même dans l’humour, grand ridicule ; « Entre Staline et Stallone / Entre Rimbaud et Rambo / C’est l’histoire des hommes » fait rime à deux sous, piteuse écriture…) mais tout s’écoute sans mal : c’est du tendre et pas méchant. Car c’est un peu de nous qu’il chante, de ces chansons qui nous ont tellement imprégnés qu’elles se sont faites petite place dans notre ADN. Il y a traçabilité chantée. Et puis Lenorman fait, sur scène, son bizness avec honnêteté, sans se la péter, dans un feed-back sincère avec le public, avec une sympathie et une convivialité estimables. Pas étonnant si, dès le début, des spectateurs interpellent le chanteur, le tutoient, font frère,
copain-copain avec l’ami de trente ans.
- Eh Gérard ! Que fais-tu depuis tout ce temps ?
- Ben, je chante Si tu me laisses pas tomber…
- Et alors ?
- Visiblement, ils m’ont pas laissé tomber.
Le site de Gérard Lenorman, c’est ici.
Je n’étais pas fan de ce garçon qui me semblait un peu « nunuche » ; j’étais plus Ferrat, Brel, Brassens, Ferré et Ferrer et… Leny Escudéro (dont je suis toujours aussi fan ^^)
Et puis, un jour, j’ai conduis une amie groupie absolue de Gérard Lenorman le voir chanter, à la foire Expo de Nîmes (c’était compris dans le prix de l’entrée à la foire). Il y a eu un orage digne des inondations de 88. Et le concert devait être reporté, mais Monsieur Gérard Lenorman a dit que des gens avaient attendu malgré l’orage et que ce serait un manque de respect de ne pas chanter. Il a mis une palette en bois au milieu de la scène dévastée, a pris son micro et nous a donné un concert de plus de 2 heures.
Depuis je regarde cet homme avec un grand respect, j’ai appris à écouter ses chansons et à me laisser apprivoiser.
Je le trouve toujours très humble et « droit dans ses bottes ». C’est plutôt réconfortant
Je sens pointer un peu de nostalgie Michel dans votre article !!
je rejoins le commentaire de Réjanie 13, pour ses préférences musicales.
Mais je trouve son témoignage de Nîmes très intéressant.
« On peut toujours apprendre à écouter et se laisser apprivoiser » c’est vrai et bien dit !
Réponse : Pas de nostalgie, je crois. Mais il est vrai que Lenorman fait partie de l’environnement musical que j’ai « enduré » durant toute l’enfance et l’adolescence : ça squattait abusivement la radio. De fait, ça fait partie de ma mémoire de petit poucet, qui sème des cailloux de chansons tout au long de son parcours, qui balise son chemin avec. De là à écouter maintenant Lenorman, non, y’a pas de disque de lui à la maison. Mais aller le voir en scène, histoire de voir ce que ça donne, oui, évidemment (outre le fait que ça fait un peu partie, je crois, de mon boulot…) ! Et je n’ai pas regretté. MK
Gerard Lenorman… Je pense tout de suite à « La ballade des gens heureux » qui, en son temps, a dû enchanter Louis Pauwels : vous savez bien, il avait écrit une fameuse « Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l’être », un pamphlet rageur contre la contestation, le gauchisme, l’écologie, etc… qui je dois bien l’admettre, ne contenait pas que des conneries. Mais enfin, à l’époque, cette chanson me gonflait singulièrement, et d’autres avec moi, qui écoutions alors Le Forestier, Moustaki, Allwright, Caradec, Béranger etc. Eux parlaient aussi de bonheur et d’amour dans leurs chansons, mais également de secouer le vieux monde. Ca, je ne l’ai pas vraiment senti chez Gérard…
Précision: avec les réserves exprimées plus haut, je partage néanmoins l’avis de Réjanie 13.
Quand un mec fait quelque chose de bien, il faut le saluer, même si on accroche pas à sa peinture ou ses chansons.
Ah ! ça nous rajeunit pas tout ça ! j’ai connu Gérard Lenorman quand il chantait dans les bals en Auvergne, et j’ai quelques disques de lui, les premiers, après, j’ai dû trouver mieux, car je l’ai oublié .