Biblio : le Thiéfaine de Théfaine
Les fans d’Hubert-Félix Thiéfaine se délecteront (en quasi simultanée de la sortie de Suppléments de mensonge, seizième album du chanteur) de la réédition, revue et (bien) augmentée, de la biographie de référence qu’est Jours d’orage, de son presque homonyme Jean Théfaine, dès aujourd’hui sur les étals des libraires.
Il faut être d’une complicité sans pareille entre biographe et biographé pour accoucher d’un tel livre, qui va fouiller dans la mémoire de l’artiste pour retracer fidèlement, avec une rare précision, un tel itinéraire. On est dans la totale confidence ; on frôle souvent l’intime. On le savait, bien sûr, depuis la parution de la prime version de cet ouvrage, en 2005, à l’époque dans une coédition Chorus-Fayard : ce luxe de détails qui ne s’inventent pas, ces précisions quasi millimétrées qui posent les balises, avant mutation, d’une œuvre rare en chanson, constante, cohérente, singulière, sans trop de racines (quoique…), sans avant et sans apprêt. L’Hubert-Félix n’est pas homme de grande confession et ne se livre bien souvent que par ses silences et ses chansons, labyrinthes et jungles à la fois, quasi surréalistes. Là, tout y est, ou peu s’en faut, trousseau de clefs pour entrer dedans, mieux comprendre encore l’artiste, nos pas pile dans les siens, dans la galère comme dans la (recon)naissance, en cet itinéraire unique du plus célèbre inconnu de la chanson, « l’exemple même de l’artiste qui s’est imposé au sommet sur la durée, en dépit du silence des médias, télévisés notamment, qui l’ont toujours trouvé trop décalé. »
Rien à dire sur la qualité de l’ouvrage : c’est du Théfaine à la cime de son art, ancien de Ouest-France et pilier de Chorus, plume respectée du métier. À lire cet ouvrage, on sait plus encore pourquoi. Rien à voir avec les stakhanovistes de la bio : lui à pris le temps, et d’abord et avant tout celui de la confiance et de l’amitié, pour tirer les vers et le portrait de l’HFT. Le résultat est impressionnant.
On sera notamment stupéfait par ce chapitre, forcément nouveau, délicat et douloureux entre tous, sur cette récente période où Thiéfaine fut à deux doigts de nous jouer définitivement la fille de l’air, à défaut de celle du coupeur de joints : cette tentative de suicide, cette cure de désintoxication relatée ici dans son plus simple vécu, la volonté de guérir, de se reconstruire, de s’affranchir à tout jamais de tout alcool, Entre trois grammes et cinq heures du matin.
L’ouvrage touchera les fans mais pas qu’eux. Il nous rend proche un chanteur qui, dans le dédale de ses mots, la luxuriance et la folie de son verbe, peut nous sembler lointain. D’un autre planète presque. Là, dans ces quatre cent et quelques pages, c’est l’humain qui s’invite.
Dire que ton commentaire me touche est peu dire. Simplement merci, Michel. Je viens de relayer ton magistral billet sur ma page Facebook.
Bonsoir,
Un grand bravo à Jean Théfaine pour ce magnifique livre sur un artiste que j’adore depuis 30 ANS.
Un grand merci à toi Michel pour ce clin d’œil, sur ce personnage hors normes, inclassable et indétrônable.
Au plaisir de se revoir avec Matrat ou HFT.
Meilleures salutations.
Réponse : Merci de ce merci, Pascal, mais tout le mérite revient à l’ami Jean Théfaine, pour son bouquin vraiment passionnant. Quant à moi, je compte revenir sur HFT dans le prochain Thou’Chant, en ligne le 16 mars MK