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Miro, Picasso ou pique-assiette ?

Plutôt Picasso, ce Miro, qui, inventif et joyeux, tire de sa palette musicale moult couleurs et images plaisantes. Souvenir de scène lors du festival Les Oreilles en pointe, en novembre 2003, salle Dorian à Fraisses.

Miro (photo d'archives. Olivier Moreau)

Archive. « J’aime pas les rimes / J’aime pas les vers / J’ai la tête qui fonctionne en vrac / J’suis chanteur crooner / J’suis rockeur moqueur. » C’est Miro qui chante et se dépeint déjà. La scène est parsemée d’objets de chambre de gosse : soucoupe volante, toupie, petite chaise… L’éternel enfant qu’il est doit en faire pieuse collec’. Autant d’ailleurs que de courants musicaux, piqués ici et là, qui se chamaillent gaiement et perfusent son art. Ça récup’, ça recycle, ça ressort par lui en produit neuf et hybride, insolent et drôle.
Même les textes sont de cette fabrication, puzzles hétéroclites qui font images aussi bizarres que franchement plaisantes. Bon, ce n’était pas le Zénith, hier au gymnase de Fraisses, loin s’en faut même, mais totale proximité entre artiste et public. Sans barrières, au propre comme au figuré, sans rien qui puisse rompre l’harmonie : convivial, chaleureux, copain. Sans enjeu non plus : c’est dire si Miro s’est lâché, en une prestation inventive, surabondante. Trop peut-être ? Pas sûr et qu’importe : ça nettoie neurones comme oreilles, c’est inoffensif et inodore, pas incolore. Car Miro est peintre musical. Pas figuratif, non. Pas pointilliste mais pointilleux, expressionniste au seul sens qu’il s’exprime. Ses p’tites histoires font parfois narration, parfois non. Et lui donnent son et couleurs, faisant taches sur des toiles qui n’ont que l’élémentaire mérite du plaisir qu’elles procurent. Celui qui se dit volontiers « trop bon, trop con » dans sa chanson, joue de son physique et accentue les mimiques. Juré, ne manque plus que la 3d pour pousser à fond la logique de ce personnage limite Tex Avery, avec immanquables yeux exorbités aux lunettes mirobolantes.
Ah, les lunettes ! Avez-vous remarqué, dans ce festival, la propension des artistes (les Bashung, Dimitri ou Arthur H) à porter des lunettes noires en scène. Au royaume des aveugles, Miro, pas fou, est roi !

Le site de Miro.

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