Malicorne : les amis de trente ans
« L’aventure Malicorne fut des plus belles. Elle se termina un soir d’après concert par un vote à main levé et à l’unanimité. Il fut décidé en toute amitié que nous arrêtions, des envies nouvelles nous appelaient, le moment était venu. Il fut décidé par la même occasion que jamais nous ne nous reformerions, promis, juré ! Puis un jour, très longtemps après… » Trente après, un coup de fil de Gérard Pont, le directeur des Franco, désirant inviter Malicorne, « situation insolite et incongrue. » Mais Malicorne n’existe plus, c’est lointain souvenir. Sauf que le souvenir est vivant, vibrant, fort. Que le cercle des amis de Malicorne n’a pas désempli, que même des jeunes, encore et toujours, découvrent ce groupe résolument en dehors des clous, hors toute mode. Et que le chant de Malicorne n’est pas près de s’apaiser. « Nous étions chacun dans une autre histoire et, de plus, Hughes habite Kuala Lumpur ! Un petit mail part tout de même, pour rire, intitulé « Gala ! » Et il circule le mail, il revient le mail avec des non ! des pourquoi pas ? des c’est possible » De fait, ce sont les cinq de la période la plus mythique du groupe (Gabriel Yacoub, Marie Sauvet-Yacoub, Laurent Vercambre, Hughes de Courson et Olivier Zdralik-Kowalski) qui se retrouvent sur scène, « à l’invitation de Gabriel Yacoub » et avec d’autres amis qui viennent eux aussi ressusciter Malicorne le temps d’une scène : JP Nataf, Tété, Le Quatuor, Claire Diterzi, Michel Rivard… même Karl Zéro. C’était en juillet derbier, à La Rochelle. La salle était bien trop petite pour contenir tous les amateurs de Malicorne. Nous sommes chanteurs de sornette, Pierre de Grenoble, Le Luneux, Margot, Le Prince d’Orange, L’Écolier assassin, Marions les roses, Les Tristes noces, Quand je menais mes chevaux boire (par un JP Nataf inspiré), La Conduite… la légende renaît. En voici les souvenirs : un cédé, un dévédé. Certes, les peaux se sont ridées, un peu. Pas les chants, plus amples qu’avant. Ni les instruments dont certains ont encore sur eux les cordes d’il y a trois décennies. La magie Malicorne a ceci d’exceptionnel qu’il lui faut peu pour se réveiller, belle endormie qui ne dort vraiment que d’une oreille. En bonus du dévédé, un film de presque une heure sur les retrouvailles des musiciens et des chansons. Ça et le concert, c’est rien que de l’émotion, de la vraie, pas celle manufacturée et lissée par le showbiz. Il y a de nous en Malicorne et c’est ce nous que nous retrouvons. Nous sommes amis depuis bien trente ans. Et le resterons.
Malicorne, Concert exceptionnel aux Francofolies de la Rochelle, CD et DVD, 2011, Sterne/Sony music. À paraître tous deux le 7 mars.
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Merci de cet écho. Malicorne c’était surtout le grain de voix si particulier de Gabriel Yacoub ; aussi ses talents d’arrangeur et de multi-instrumentiste et l’humour décalé de beaucoup de ses reprises de traditionnel. Mais Gabriel Yacoub en solo, c’est encore mieux : une sorte de Richard Thompson ou de Martin Carthy français: un artiste humble et discret en plus.
Bon, là, la présence de l’abominable Tété et de l’ignoble Karl Zéro le bien nommé, ça fait plutôt de la peine : il eut mieux valut invité des Jean-François Dutertre, des Arnaud Maisonneuve, des Christian Desnos ou des John Wright, voire un simple Cabrel plutôt que ces escrocs du Chobiz.
J’ai découvert Malicorne au Festival de Kertalg sur la côte bretonne en 1974. Depuis, j’ai organisé des concerts avec Gabriel Yacoub aux States, entre autres dans le cadre de mon festival « L’Air du temps ». Il reste un de mes auteurs-compositeurs favoris, je le passe régulièrement dans mon émission « French Toast » (dispo sur wmbr.org). Bon vent à lui et à Malicorne !