CMS

Star acadienne, pas star ac’

Ce papier tiré de mes archives presse se veut comme un bonjour aux lecteurs acadiens de ce blog. C’était en juin 2003, au Quarto d’Unieux, dans la Loire, un Danny Boudreau venu « discrètement, en éclaireur du festival ligérien Les Oreilles en pointe ». Bon repérage qui nous instruisait alors sur cet acadien, star chez lui, inconnu chez nous.

Archive. C’est une vedette en son pays d’Acadie, côte Est du Canada. Un de ceux très attachés au français, tant il est vrai que les Acadiens furent longtemps empêchés de parler leur langue nourricière. C’est dire s’ils revendiquent haut et fort l’oriflamme de la francophonie.
Danny Boudreau, un après-midi en semaine au Quarto, que voilà donc une idée incongrue… Déjà qu’on ne se déplace pas facilement pour s’en aller découvrir – quel courage, vraiment ! – ce qu’on ne connaît pas, mais alors là… C’est que Boudreau s’en venait faire, comme ça, entre deux avions, connaissance avec enfants et ados de centres de loisirs, avant de revenir, d’ici la rentrée, animer un atelier d’écriture « chansons » sur le thème, qui lui va comme un gant, de l’identité. Et quitte à rentrer en conversation, puisqu’on est chanteur, autant le faire en chansons. Danny Boudreau a une belle voix qui ne se limite pas, loin s’en faut, à un exercice vocal. L’organe est beau quand il véhicule des choses belles, sentiments, émotions, quand il suscite en nous des paysages d’images. Quand, sans lourds slogans, il insinue l’Histoire par de petites histoires, quand il parle d’un peuple, celui de nos cousins d’Acadiens : « Le souvenir brûle encore / Au plus profond de ma mémoire. »
Boudreau est de ceux qui conjuguent et réconcilient chanson de qualité et « produit » de grande consommation : c’est une écriture exigeante, qui peut se loger en un maximum d’oreilles, attentives comme négligentes. C’est fluide, passionnant. Boudreau écrit des textes qui suintent parfois nostalgie, qui parlent souvent d’exil : « Quitter mon nid / S’envoler vers la vie / Sans un aller-retour / Si loin de mon amour. » Et s’en va à la source, au bagout des bayous, interpréter Zachary Richard, celui de Louisiane, qui est pour les Acadiens comme figure de proue. « Si je suis l’écho de son cri, c’est que résonne en mon cœur la voix de mes ancêtres acadiens » dit Danny.
Nous avions osé suggérer parenté artistique, vocale aussi, entre Danny Boudreau et Francis Cabrel. Sans être criante, elle n’en est pas moins manifeste. Par la qualité de l’écriture, par certains thèmes, la façon de chanter un peu, celle de se saisir d’une guitare aussi… Par cette magie, qui leur est commune, qui fait d’une chanson un petit bijou dans lequel on entre à fond. Par cette pêche sur scène, ces deux guitares (dont celle, inspirée et majestueuse, du complice Dan Godin) qui emplissent l’espace et l’habitent. Avec Jean-Jacques Goldman aussi, au moins sur certains titres. Artiste majeur de la scène du Canada francophone, Danny s’y taille là-bas un succès enviable. On le comprend, car sa chanson procure rare entêtement : on l’emporte avec soi pour la fredonner souvent. Si ce n’est pas une définition de la chanson populaire, ça…

Le site de Danny Boudreau. Et son myspace.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives