Vartan mauvaise copine ou Bruni porte-poisse ?
Sylvie Vartan est sortie du formol où elle formolait. Elle qui fut jadis chanteuse a, le saviez-vous, fait l’an passé un nouveau disque. Étant entendu qu’elle ne peut émarger que dans la cours des grands, des indispensables stars, elle se figurait, l’ingénue, en vendre des cent et des mille, des millions. Et se ratatinerait avec seulement deux cent mille copies vendues (1), ce qui est beaucoup il me semble, mais sonne comme le pire des camouflets pour cette « artiste » entre toutes indispensable. Bon, on n’a pas dû lui expliquer à son réveil que le disque c’était fini. Que du reste les gens n’ont plus de sous. Que le temps est passé et que d’autres artistes ont ravi la place des dinosaures d’antan. Que du reste, hors son ex et Aznavour, il n’y a plus de dinosaures. Et que d’elle à présent tout le monde s’en fout. Mais, pour comprendre sa déconvenue, il lui fallait une explication raisonnable. Et raisonnée. Bien qu’elle se soit acheté la collaboration d’artistes bien en vu, bien en mode (Didier Barbelivien ou Marc Lavoine, c’est dire), son grand malheur est de s’être choisi aussi une chanson (Je chante le blues) de cette auteure incontournable qu’est Carla Bruni, ex-modèle du genre et désormais madame de. Fallait pas. Car, selon Sylvie, c’est parce que Bruni s’est collé à un titre que Vartan est tricarde des médias, au moins à ce titre. La première dame de France porterait-elle la poisse ? Elle serait boycottée par (sic) « toutes les radios françaises, preuve que la popularité de Carla est en pente raide » selon le site de TF1 qui n’est pourtant pas un repaire gauchiste. On se dit alors : mais que fait la police de la pensée, que fait donc Brice Heurtefeux ? Et Vartan de commenter : « Cette artiste était encensée par les gens de tous bords et maintenant on la traite comme si son talent s’était évaporé en devenant la femme du président de la République ! » Bien que je doute du supposé bon goût français, je me demande effectivement qui peut encore écouter Vartan. Et qui peut encore acheter Bruni dont le dernier cédé se serait tout de même écoulé, avec la pub gouvernementale que l’on sait, à trois cent mille unités (2) (son premier avait fait quatre fois plus). Réponse pour bientôt : la modèle du genre travaille actuellement à son nouvel et quatrième opus, forcément un grand événement.
(1) Mon excellent confrère Baptiste Vignol, sur son blog, estime lui à 15 000 exemplaires le nombre d’exemplaires vendus de cet album de Sylvie Vartan, chiffre qui semble nettement plus crédible ; (2) Chiffres eux-aussi à prendre avec d’énormes pincettes car sujet à polémique : de par le statut de la (première) dame, la vérité doit être au moins classée « secret défense ». Il ne faut en effet pas confondre les exemplaires mis en vente et ceux réellement vendus…
Effectivement, les gens « qui ne sont pas du milieu » ne le savent pas mais quand on parle de « ventes », ce sont les albums PRESENTS EN MAGASIN!! On ne dit JAMAIS combien ont été RETOURNES au distributeur. Pour être au top 50, certains firmes de disques – et pas des moindres – ont racheté eux-même les singles/45tours de l’époque pour figurer au top50 et ainsi bénéficier de l’effet de pub…
Parait que le manager des Beatles aurait fait ça avec le premier single LOVE ME DO: acheter tous les exemplaires des disquaires de Londres la première semaine de sortie et se retrouver ainsi au top des ventes…
Pour amorcer un siphon à eau, ne faut-il pas d’abord pomper soi-même… ensuite, ça coule tout seul, non?
…Attention à l’ironie amère. Pour ma part, j’écoute aussi Sylvie Vartan, je trouve son disque live à Sofia, début des années 90, particulièrement émouvant et j’en connais plus d’un dans la chanson qui aurait aimé inaugurer « La Maritza », ritournelle simple mais ô combien inoubliable sur l’exil forcé.
Les dinosaures sont encore nombreux : Aznavour, certes, Hallyday, ok, mais aussi Eddy Mitchell, Sylvestre, Michèle Torr. Je ne parle pas de la qualité intrinsèque de leurs oeuvres mais du temps qui passe… ah oui, Guy Béart qui fanfaronne du Nouvel Obs au plateau de Ruquier.
Et on peut regretter qu’elle ne soit pas diffusée tant que ça sur les ondes, à part radio nostalgie. Car cela reflète surtout que les playlist d’une grosse radio à une autre sont toujours les mêmes et c’est franchement sinistre.
Sur la question des ventes, rien de nouveau à l’horizon…
Réponse : J’aime beaucoup, Luc, la modération de vos propos et cette tendresse en vous qui n’est pas feinte. Ne croyez pas que je sois insensible, loin s’en faut, aux dinosaures (de la chanson). Peux être plus à certains que d’autres je le concède volontiers : plus Sylvestre que Vartan, plus Gréco que Torr. Avec mon ami lyonnais Marc, nous adorons, même à jeun, chanter du Sardou à tue-tête dans les rues, entre Rhône et Saône. Pour autant, égratigner quelque peu ces « stars » du showbiz est exercice salutaire, comme s’en aller chercher ailleurs dans la chanson d’autres propositions, souvent plus sincères, d’artistes moins en vue. Ça fait bain de bouche et c’est sain. Amicalement, MK
C’est bien vrai aussi…et je dirais même avec provocation comme le chante la Sylvestre : ’5 minutes de langue de pute, c’est fou ce que ça fait du bien !’
Mon camarade,
j’avais commenté cet article sur ma page FaceBook ce qui a occasionné des réactions nombreuses et diverses, certaines même déplacées (le propos n’était pas de déverser sa bile sur l’une ou l’autre de ces interprètes pour des raisons extra-artistiques). Cet article me paraissait suspect à plus d’un titre :
• Carla Bruni est nommée « L’Italienne » en fin d’article. Ça rappelle quelque peu « L’Autrichienne » (Marie-Antoinette) et surtout Yannick Noah qui était Français quand il gagnait et devenait Camerounais quand il perdait
• C’est tout sauf du journalisme honnête : jamais Télé 7 Jours ne se hasarderait à lancer un pavé à ce point polémique. Ça m’étonnerait que Vartan s’amuse à déballer son linge sale dans un hebdo aussi conformiste et plutôt sarko-sympathisant. Quant au boycott des radios pour cette raison-là, je demande à voir : d’habitude, c’est plutôt le contraire. De plus, sur certains media nationaux comme France Inter, certains dirigeants (pas besoin de faire un dessin) ont été placés là justement parce qu’ils faisaient partie des amis de Carla B. (l’éviction de Didier Porte allait plutôt dans ce sens, que je sache)…
• Le « Parisien », à son tour, a évoqué l’article de Télé 7 Jours. Comme je le subodorais, Vartan n’incrimine pas Bruni, mais déplore un manque de coopération de certaines radios. Il y a bien eu désinformation. Pour le reste, la variété à paillettes ne mérite pas un tel mépris des prétendus « intellectuels », même si, politiquement, ses plus illustres représentants ont souvent tendance à se mettre du côté du manche. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous pétris de cette variété « populaire » : le jour où on a roulé notre premier patin, on ne s’inquiétait pas de savoir si le disque qui passait était conforme à notre éthique personnelle et si l’interprète avait ou non usurpé sa notoriété…
• Personnellement, cette musique-là m’a toujours permis de gagner ma vie : d’abord comme musicien de bal quand j’avais 18 ans, ensuite comme chansonnier puisque j’ai passé plus de 30 ans à la brocarder. Et on ne me permettrait pas d’avoir la reconnaissance du ventre ?
La bise à toi, Michel, et bonne année à tous !