Les mille chansons de Gérard Delahaye
Voilà trente ans que, parallèlement à sa carrière « pour grandes personnes », qu’indépendamment de ce trio, ce « tri men » qu’il forme aussi avec Mélaine Favennec et Patrick Ewen pour foutre le feu aux scènes de Bretagne et d’ailleurs, il exerce dans l’art difficile de la chanson pour enfants. Difficile car, sauf à chanter « Bécassine c’est ma cousine » et autres niaiseries fadasses, trousser une bonne chanson pour les jeunes oreilles est art subtil réservé à des gens sensibles et intelligents. À des gens qui ont toujours gardé leur part d’enfance. Qu’ils savent traduire en chansons. Gérard Delahaye est tout ça et le fait très bien. La légende veut qu’il en ait écrit mille. Tant que son nouveau cédé s’intitule 1000 chansons et que la millième serait justement dedans. Laquelle ? Mystère. Delahaye aime les mystères de l’Ouest, sa région à lui : il en infuse ses chansons. Avec aussi des chevaliers et des pirates, des rives d’Afrique, de tristes amoureux, des funérailles dont on fait tout un cirque, d’une chasse en forêt, d’un tremblement de terre, de la pluie et de plein d’autres choses encore, qu’il distille au goutte à goutte :
Petite goutte au fond de mon verre
Petite goutte je vais t’avaler
Mais je t’écoute et je te libère
Si tu sais m’étonner
On se régalera aussi de La Petite Marseillaise, sur l’air de la grande, formidable chanson de fraternité, tant que l’enverra en mp3, par soucis d’élémentaire pédagogie, à Besson, Heurtefeux et Sarkozy, ces fameux pieds nickelés du rejet de l’autre.
Le livret de ce disque est comme les chansons : dessins ronds et colorés, jolis. J’ai toujours eu du mal à recommander un âge quant aux disques pour enfants. Quand les chansons sont bonnes, elles n’ont pas un public précis : même l’adulte que je suis les apprécie et les écoute sans se cacher de ses enfants ou des autres grands. Disons de ce disque qu’il est pour les « de 3 à 103 ans » et je serais pile dans la cible. Sans nullement nous infantiliser, Delahaye fait dans l’enfance qui dure toute la vie.
Le myspace de Gérard Delahaye.
Commentaires récents