Travis Burki : super Ü ?
C’était à l’automne 2004, salle Albert-Camus au Chambon-Feugerolles. La soirée s’ouvrait par Ü, alias Travis Burki, alors de mode, fréquentant tous les festivals chanson, pas encore ouï de par chez nous. Ce fut notre satisfaction. Notre frustration aussi…
Archive. La voix impose, royale… On cherche, au mitan de la scène, dans le rond de lumière absent, qui peut donc nous chanter ainsi… Pas là. Non, il est sur un des flancs, debout, au clavier, chemise blanche et fine et noire cravate. C’est Ü et son Réalisme, comme une tangotante et probante déclaration d’intention (« U…manisme »), le préambule d’un concert hélas tronqué, aux chansons abdiquées à un timing trop court de première partie.
A l’écoute en disques, on lui donnerait toutes les influences du monde ; plus rien sur scène, il est Ü, il est unique. Le sait. Et nous de pressentir l’artiste de référence qu’il est en train, lentement, de devenir, le cocon qu’il est, Les Papillons qu’il sera un beau jour. Ce que d’ailleurs il chante, par un autre tango, celui des Producteurs, faune particulière : « Il est grand temps que ma création s’ébruite / Mon anonymat me pèse / Ils m’ont demandé de signer en bas de la page / En me faisant miroiter des liasses et des voyages. »
Il y a une indéniable empreinte vocale « Ü », une matrice d’écriture aussi, impliquée et décalée, filigranée d’un humour sans rire.
C’est entre pop et chanson académique qu’Ü se situe, univers bien restitué, souligné, surligné d’un violon joliment venu qui slave des sonorités d’ailleurs. « J’ai des étoiles plein les poches / A force de trop rêver… » : Travis Burki, notre Ü, rêve bien : ses mots agencés avec talent visent juste, touchent ce qu’il faut, comme il faut.
Il conviendrait maintenant de revoir Ü, en un récital plein. Car là, on ressort avec une impression confuse : à l’envie d’applaudir (à tout rompre même) se juxtapose la frustration, comme si la mayonnaise convoitée n’avait pas monté, comme si le format trop court l’en avait empêché.
Le myspace d’Ü, Travis Burki.
Ahh, l’album La Luge, de Travis Burki, une petite merveille…
J’en profite pour vous inviter à visiter le blog de Chant Libre, avec ses coups de cœur, ses chroniques radios, mais aussi ses coups de gueule sur la chanson ou sur le monde.C’est ici : http://www.chantlibre.blogspirit.com
Pour les suisses -> Travis Bürki vient à Bienne le 8 octobre:
http://www.kulturtaeter.ch/programm/detail.php?id=282
L’occasion de voir un concert en entier.
Dominique B.