Bernard Michèle, Louise, pour l’état civil
C’était en mars 2004 au théâtre municipal de Bourg-en-Bresse. Michèle Bernard y célébrait, à sa manière, le centenaire de la disparition de Louise Michel, ravivant les braises d’un idéal de progrès social.
Archive. Seules deux chansons (Au cimetière de Levallois et Sous les Niaoulis) avaient été « protégées », gravées, en 2002, sur le disque Une fois qu’on s’est tout dit, des fois que ce formidable spectacle, L’Oiseau noir du champ fauve / Cantate pour Louise Michel, n’eut pas connu d’avenir… Car les créations ne vivent vraiment que si des programmateurs autrement plus couillus que la normale les font venir. Et cette cantate-là, créée en 2001, n’avait connu à ce jour que cinq exploitations. Du gâchis pour un tel événement, pour un tel résultat. « Au cimetière de Levallois / Drôle de belle au bois / Depuis cent ans tu dors c’est fou / Comme le temps creuse son trou. » Le centenaire de la mort de Louise Michel, en 2005, donnera peut-être nouvelle chance à ce spectacle. Pour l’heure recréé à Bourg-en-Bresse. Et, surtout, enregistré en live, comme un utile investissement, un vrai pari pour l’avenir. Le disque devrait sortir dans les mois à venir… Que Michèle Bernard se vête des noirs habits et des rouges aspirations de Louise Michel n’a rien d’étonnant pour qui connaît l’œuvre de la chanteuse. Du Temps des crises à celui des cerises, elle n’a vraiment rien chanté d’autre. Son répertoire est de ce seul trait, simplement de crayonnés différents, en pleins comme en déliés, qui nous parle d’amours et de révoltes. Sa Vieille chèvre d’antan peut encore nourrir pas mal de défilés outragés. « Si je chante aujourd’hui, c’est parce que des gens comme Louise Michel ont su taper du poing sur la table » dit l’artiste dont, troublant hasard, le deuxième prénom est Louise.
Là, Michèle Bernard s’en est allée, en reporter émue, retrouver la piste, l’itinéraire de la «Vierge rouge», de son enfance sauvageonne à son métier d’institutrice « aux méthodes mouvementées » (« Je vois Louise au tableau / Qui secoue comme il faut / La vie comme un prunier »), des barricades de l’éphémère Gouvernement du Peuple au bannissement de Louise Sous les Niaoulis, en Nouvelle-Calédonie. Et aux autres et coutumières geôles où l’impétueuse dame fut régulièrement embastillée. « Dans le champ fauve / Un bel oiseau chantait… » Comme jadis avec Des nuits noires de monde, il y a du peuple sur scène. Entre chanteuse et musiciens, chœur de femmes (l’ensemble vocal de Résonance contemporaine) et Percussions de Treffort (ensemble professionnel formé d’handicapés mentaux), c’est un plateau rare qui s’en vient évoquer autant la vie d’une femme courageuse entre toutes qu’une idée révolutionnaire nourrie du terreau de la totale injustice. Le parallèle avec le k.o. social d’aujourd’hui serait des plus tentant. Qu’on mettra cependant en relation avec cette chanson de Michèle Bernard, issue d’un autre et récent récital, où la chanteuse s’indigne : « Alors c’est fini / On change plus la vie / On descend les calicots / On rentre chez soi illico / On pose les pavés / Bien assez rêvé / Et nos slogans de blaireaux / Ils sont bons pour l’caniveau. » Reste qu’en cette année 1871, il est encore possible d’espérer un avenir meilleur : « Ça branle dans le manche / Les mauvais jours finiront / Quand les pauvres s’y mettront. » Le fond de scène est vaste ciel où de noirs nuages signent le proche orage. Premières chansons, et déjà des emprunts, pas innocents, à Brassens et au vieil Hugo. À Gastibelza, « l’homme à la carabine »… Assemblée paysanne, agraires gestes aux rudimentaires instruments, possibles barricades : rien n’est vraiment reconstitué, tout est fortement suggéré. Même la nouvelle mais lointaine Calédonie, par chants, danses et rituelles percussions. « Maman, maman, je rentrerai tard / Je suis si bien, je joue / Avec mon amie la mort. » Le ton monte, les tambours grondent : bel ensemble que ces onze percussionnistes dans un majestueux et terrible crescendo qui annonce l’arrivée des Versaillais ! Et la lutte, pas finale… Les textes sont, pour beaucoup, signés de Louise Michel, qui aurait aimé se voir chanteuse. De Michèle Bernard aussi, si crédible sur les barricades. Et quelques autres, puisés dans la mémoire des chants de lutte… C’est un spectacle émouvant car le plaisir que chacun y prend est contagieux, car on frôle le destin d’une dame d’exception, car – j’y reviens – la comparaison avec ce que nous vivons actuellement n’est pas forcément grande audace de notre part. Le souvenir de Louise Michel pourrait un jour réveiller nos lendemains qui, pour l’heure, déchantent.
Ça ne fait pas beaucoup avancer le débat si je dis que c’est une chanteuse que j’adore… mais je le dis quand même ! Na !
Et que ça m’exaspère de constater qu’il n’y a pratiquement plus d’émissions consacrées à « la variété » sur aucune chaîne de télévision… même sur satellite. Quelques rediffusions des émissions des années 60…
Pareil sur les radios… quelques producteurs se risquent encore à parler de la chanson francophone. On peut les compter sur les doigts d’une main !
Et « on » se plaint de la crise du disque ?
Mais boudiou ! Il faudrait savoir que des grands auteurs existent, des chanteurs formidables… pour avoir envie d’acheter leurs disques !
Après, qu’on aime ou qu’on n’aime pas… c’est une affaire de goût.
Mais qu’on nous permette de goûter, justement !!!
Je ne vais citer que quelques noms, de chanteurs encore « en activité »… je pourrais en remplir une page entière ! Mais combien de fois depuis 10 ans a-t-on vu à la télévision ou entendu s’exprimer sur une « grande » station de radio
- Anne Sylvestre
- Francesca Solleville (UNE fois… et il a fallu que Jean Ferrat meure !!!)
- Michèle Bernard
- Allain Leprest
- Isabelle Mayereau
- Gilbert Laffaille
- Rémo Gary
- Philippe Forcioli
- Marie-Paule Belle
- Gérard Morel
- Véronique Pestel
- Juliette
- Sarclo
- Michel Bühler
- Amélie les crayons
- La grande Sophie
- Nicolas Bacchus
- François Gaillard
Allez ! Je m’arrête… mais ma liste pourrait être dix fois plus longue. Je n’ai cité que les « valeurs sûres » ou « montantes », les chanteurs unanimement reconnus par… mais oui… par qui ?
Un petit cercle d’initiés…
Une petite coterie de membres d’associations qui fréquentent les mêmes festivals, assistent aux mêmes spectacles… lisaient Chorus, quand il existait encore…
Et il en faut : ils sont bien les seuls à donner une possibilité de s’exprimer à tous ceux-là !
Mais où sont les « décideurs » ?
Ceux qui préfèrent mettre du fric dans des « starac », produire des daubes comme 90% des CD dont les rayons des supermarchés regorgent au lieu de permettre d’écouter TOUT ce qui se fait !
Ils ont, par leur avidité, leur frilosité, tué la chanson « de qualité »… celle qui permettait à des individualités de s’exprimer, à côté des « grosses vedettes »… et qui offrait un choix aux auditeurs
Maintenant, il n’y a pratiquement plus que les ados qui achètent de la musique… et ils connaissent mieux les chanteurs anglophones que ceux qui s’expriment en français ! (Dans « Dis-moi Pauline », Anne Sylvestre l’appelait « la langue crétine »… et elle ne connaissait pas encore le rap… !)
Mais comment sauraient-ils qu’il y a des chanteurs qui chantent en français… si on ne les entend nulle part ?
Enfin… je me calme et pour ça, je vais écouter un bon vieux CD…
Tiens ! « Babels », de Véronique Pestel, puisqu’il y a dessus la chanson « La Mimi de Saint-Julien »… ce qui nous ramène au début du sujet…
J’aime vraiment… tous les chanteurs que j’ai cités, et plein d’autres… mais Michèle Bernard, c’est quand même ma préférée !
Après cette légère digression… c’était là où je voulais en venir !
On aurait bien besoin d’une Louise Michel aujourd’hui pour réveiller le peuple français . Rappelons que c’est la marraine posthume du front de gauche , avec Jaurès , et pour Michèle Bernard, une très belle émission de radio autour des chansons a pour titre : » Des nuits noires de monde » sur France Musique le dimanche soir, de 23 h à minuit . Ce genre d’émission est devenu assez rarissime pour mériter d’être signalé et rappelé .