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Michel Bühler : helvétiquement vôtre

Michel Bühler, 1er mai 2010, salle des Rancy à Lyon,

Bühler sur la scène lyonnaise (photo Robert Dubost)

« J’aurais voulu que tu ne viennes / Que dans un monde fait pour toi… » Une couche tendresse, une couche colère, une couche tendresse, une… Un récital de Michel Bühler est ainsi fait, alternant l’infinie douceur des mots à d’autres qu’il ne sait et ne saura jamais négocier tant ils semblent venir de loin, comme un volcan qui se permet une sortie, après s’être longuement raclé la gorge avant tout, grosse toux.
Bühler à Lyon, c’est rare. Ça fait même plus de vingt-cinq ans qu’il n’y avait chanté. La dernière fois, c’était avec Vigneault le québécois, celui dont le pays est hiver. C’est dire qu’on l’attendait.
Là, Bühler fête ses quarante ans de chanson. L’excuse est bonne pour s’en aller chercher, loin dans son œuvre, des textes pour partie oubliés. On s’aperçoit ainsi, sans surprise, que cet instit défroqué n’a jamais chanté que ça : saines indignations baignées de bon sens et amour de l’autre, souvent du petit, du pas-grand-chose, de l’opprimé. De simples histoires, avec la belle humanité de les raconter. Et des paysages où la végétation pousse libre…
On aurait aimé que Bühler fusse en compagnie de ses musiciens, ceux du dernier live – ce récital justement – mais l’économie du spectacle est ainsi faite que parfois, souvent, notre Suisse Vaudois part seul sur les routes. Le talent, la présence compensent.
A zieuter dans le rétroviseur, on fait bilan, listant ces combats menés, les mettant en perspective : Viet-Nam, nucléaire, objection de conscience… « J’avais raison ! » conclu-t-il, avec raison. Certes, aucune chanson ne peut changer le monde, reste que certaines sont comme cailloux dans une chaussure de riche, rapine chez les rupins, et forcément gênent, dérangent. C’est pour ça que Michel Bühler ne squatte pas les ondes. Ni moins ni plus qu’un François Béranger ou qu’une Anne Sylvestre d’ailleurs, un Philippe Forcioli ou une Michèle Bernard. A savoir jamais. C’est de la chanson de franc-tireurs, de maquisards. Qui nous parle de l’autre avec chaleur, avec fraternité, avec compassion. Difficilement compatible dans une société qui ne prône plus que la haine, le rejet, la méfiance, partenaires obligés du libéralisme… On dira la chanson de Bühler passéiste, utopiste, alors qu’elle n’est que témoignage d’un possible bonheur, exhortation au vivre ensemble. Il suffirait de presque rien…

Le site de Michel Bühler, c’est ici.

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