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La Blanche, entre gris clair et gris foncé

La Blanche, 10 avril 2010, Espace culturel Albert-Camus au Chambon-Feugerolles.

La Blanche (photo d'archives DR)

Éric La Blanche serait presque crédible en froid liquidateur, tueur de salariés, sbire de la Parisot : « Je renvoie / C’est utile, c’est sympa / Je m’occupe des encombrants. » On imagine telles paroles à une kermesse du Médef, à une université de l’UMP… Pas sûr d’ailleurs qu’ils en saisissent l’ironie. De ce genre de chansons fortes, La Blanche fait profusion. Et imprime ainsi son art un tantinet trublion de belle et irréductible manière. On retrouve ainsi avec plaisir La Mort à Johnny, pure fiction prémonitoire du jour dernier, en 2012 je crois (entre nous c’est beau la liberté de chanter : sur un sujet identique les Fatals Picards ont dû rebrousser chemin, gentille mais ferme pression de leur major, rien que l’idée ayant déplu à l’idole encore vivante). On y croise encore et entre autres un forcené qui, mine de rien, pourrait être nous : « J’ai jamais eu la parole / Mais, aujourd’hui, je la prends / Maintenant, je passe à la télé / Je fais les premières pages / Je suis le forcené / Je suis votre visage. » Un alcoolique aussi : « Si le monde était moins décevant, je boirais moins beaucoup souvent. » La Blanche c’est ça, successions des plages fortes. Et de beaucoup d’histoires d’amour. De celles qui finissent mal, en général. De celle qui débute mal aussi. « Le monde peut bien s’écrouler / Ça ne m’empêchera pas de t’aimer. » Le répertoire de La Blanche est d’une belle plume, trempée d’acide, s’amusant à dire des choses importantes sur de jolies copies. Et d’une autre plume, ointe d’émotions. C’est en tous cas une intéressante prestation, d’une fière allure, d’un artiste en pleine forme, décontracté et sans instrument, pour l’heure en épatant trio (Christophe Blanchet aux guitares et Raphaëlle Murer au violoncelle et à la flûte) en attendant des jours meilleurs. Concert qui s’achève sur l’éternelle reprise des Canuts, de Bruant, chanson qui, particulièrement en cette époque d’ultra-libéralisme, de sarkosisme éhonté, retrouve sa belle et éclatante couleur d’origine.

Le myspace de La Blanche.

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