Cyril Romoli, qui se bouffe du lion
Cyril Romoli, 9 avril, A Thou bout d’Chant à Lyon.
Il est aussi comédien et, comme dirait Anne Sylvestre, « ça ne se voit pas du tout. » Il est donc chanteur et ça ne se sait pas assez. En tous cas pas à la hauteur de son talent. Est-ce l’idée du rose et du noir qui prédomine en sa chanson, de son évidente théâtralité, de sa séduction, de sa possible cruauté, on l’a comparé à Guidoni. Sans doute… Moi j’y vois, à m’en percer les yeux, à m’en crever les oreilles, un peu de Juliette, son pendant masculin. Mêmes tendresses, mêmes z’énormités, outrances d’un verbe bien ajusté, travaillées au micron, restituées au micro. Si certains connaissent un peu Romoli, c’est par ses actuels rôles dans la comédie musicale parisienne Le Roi Lion. Il y est Scar, il y est Pumbaa. Ça doit être pour ça qu’hors la jungle il bouffe du lion. Barbe de trois jours, il se la joue viril Cyril « Pour à nouveau se sentir homme / Comme César entrant dans Rome au lit. » Peu peuvent se permettre si prétentieuse prétention, lui si. Il assure. Voix puissante, assurée. Et rassurante. Il est charmeur, il est tombeur : « Elle sont toutes folles de moi / Tant de perfection ne peut susciter que l’admiration / Je plais, je plais / Ça m’plait. » Miroir, oh beau miroir… Même en clone, il s’aime. Ça fait chansons enflammées, qui plus est à l’écriture fluide, maligne, pleine de trouvailles, de sons redondants. A l’interprétation exemplaire.
Il y a en lui un vrai monde, un « univers » comme on dit, une façon d’être unique. Tout lui est permis, même le pire : « Rien ne vaut une fille plus moche que soit / Ma douce n’a jamais le migraine et l’hôtel du cul tourné. » Cyril a le sens des formules assassines, de l’amour vache, du verbe raide. Pas ramollo le Romoli ! Excellent dans l’intimité d’un piano-voix, yeux malins, bouche que tordent des mots fiévreux, des énormités, à peine rassasiée des torrents de tendresse qu’elle sait filtrer. De toutes ces chansons sur l’amour bien sûr. De celle aussi, magnifique de construction, sur la mort, ce dernier instant ou celui d’après.
La moitié de ce spectacle lyonnais était faite de chansons créées ici même, deux jours auparavant, promises pour un disque à venir… C’est dire qu’on l’attend.
Le myspace de Cyril Romoli. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là
C’est pour toutes ces raisons mais aussi pour la gentillesse, la générosité de l’homme hors scène, qu’il est invité sur la scène de Festiv’Art le 16 Août ! Pour ce qu me concerne je l’attends avec une grande impatience. J’ai fait sa connaissance en mai 2011 sur la scène d’un concours, qui s’est offert la gloire de l’éliminer au 1er tour où il était en compétition avec quarante autres… J’en suis restée bouche bée, je l’avoue, car avec une seule chanson j’avais été séduite et je pensais qu’il allait remporter la mise sans l’ombre d’une discussion !!… Lorsque j’ai cherché à savoir auprès d’un membre du jury (membre émérite, directeur artistique d’un célèbre festival) quelle raison avait pu écarter Cyril, je n’ai obtenu aucune explication. Pour autant, je ne regrette pas ma présence dans la salle ce jour là puisque outre Cyril donc, j’ai aussi fait la connaissance de Jeanne Plante qui sera, elle aussi, programmée chez nous. Jeanne a été primée au dit concours.
Que l’on ne se méprenne pas sur ce que j’écris, je ne saurais jeter la pierre aux organisateurs de concours puisque je l’ai été pendant 8 ans… à la différence que les artistes défendaient leur chansons pendant 30 mn ! ça fait une sacrée différence pour apprécier un univers ! Mais je vous l’avoue, je suis très heureuse d’en être arrivée à organiser un festival, de consacrer le montant des prix au versement de cachets.