La chanson de Koumekiam
Belle attraction que ce Koumekiam-là. Oserai-je dire passionnante ? Son postulat de départ, sur scène comme en disque, est son identité artistique, étiquetée « Chanson-slam ». Comme s’il fallait opposer les deux et, à l’inverse, s’extasier de leur hymen. Du reste, nombre de slameurs se réclament, que je sache, des plus grands de la chanson, Brel en tête, en guise d’adn de leur commerce vocal, de leur foisonnement verbal. De toutes façons Koumékiam semble bien ailleurs, plus loin, au-delà des étiquettes, sauf à se les coller toutes. Faisons donc fi du code-barre et actons le réel talent de notre intermittent : « Intermittent putain quel pied / Tu touches tou’l’temps même quand tu crées / Intermittent avec deux t. » Voici donc son identité, celle d’artiste. Qui tient particulièrement bien la scène, accompagné qu’il est par un guitariste-bassiste-beat-boxer.
Et, quitte à faire, profite du micro pour décrire le monde tel qu’il le voit. Sa « chanson » vaut souvent édito. Rien de ce qui travaille la société n’est absent du débat de Koumékiam. Rien. Identité, immigration, peuples en guerre, axe du bien, axe du mal… Koumékiam ne slame ni ne chante : il balance, uppercut, cogne vos tripes et vos consciences. Sans grand ménagement. Sans négocier sa colère, il joue, se joue, de la sonorité des mots. Il y a l’absurde de Davos là-dedans, et le talent de Devos. L’absurde n’est pas le même. Encore que. Les sens sont sans dessus dessous, le cul par dessus tête, comme ce monde dans lequel on baigne, qu’il pourfend. Aux longs monologues scandés s’intercalent parfois des chansons, que perce l’émotion qui ne doit rien à la savante organisation des mots. Les siennes, parfois en roumain, comme cette autre de Nougaro : un haletant A bout de souffle qui sied bien à Koumekiam, à sa frénésie.
Le myspace de Koumekiam.
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