Très fort, le Lafore
David Lafore sera, le week-end prochain, le fil rouge du festival Pas des poissons, des chansons à Annonay. Ça a de quoi raviver ce vieux papier tiré des Oreilles en pointe, en 2002…
Archive. C’est un olibrius qui se pointe sur scène, tel un artiste de dernière minute, un complément de programme, un autochtone pistonné, une attraction de ces anciens programmes de showbiz. A poil ou presque. Et hébété. En quelques mots et quelques balbutiements, il vous range le public de son coté. Chante Je m’suis fait tout p’tit, qu’il attribue à Moustaki, truffé d’inserts, de considérations sur le monde, se noie dans ses propos. Puis daigne rendre le micro à l’artiste qui suit : « Moi, j’lai vu en répét’, c’est pas terrible Lafore. C’est moisi ! » Part et nous revient cette fois habillé, flanqué de musiciens. C’était David Lafore himself qui avait ainsi fait son entrée aux Oreilles en Pointe, donnant sans ambiguïté le ton de sa prestation, un permanent décalage entre ce qu’il chante (c’est parfois très sérieux) et ce qu’il est. Lafore le Marseillais a d’abord ce délicieux accent du vieux port qui fleure bon la sardine fraîche (« Non je ne sens pas la rose / Pas plus que le lilas »). Et des textes tantôt graves, tendres même, tantôt drôles. Qui s’accordent tous au rythme des mots, de leur dansante sonorité quelque peu jazzy. Sodomiseur de Mouches, fier cavalier Sur ma mule, tendre écolo en Fleur de rond-point, David Lafore a l’aisance des mots et de la scène, la structure musicale adéquate. Un petit luxe pour quelqu’un qui assène en refrain Restons chics. Il l’est. Lafore fait partie des gens qui, comme ça, vous arrivent en parfaits inconnus et repartent certains d’avoir fait naître l’actif embryon d’un futur fan-club. Le chaud bizness a, avec lui, tiré un sacré numéro. Jouez-le gagnant à la prochaine d’Auteuil : ce canasson de la chanson risque fort d’être à l’arrivée.
Le site de David Lafore.
Commentaires récents