Lavilliers, dompteur de tigres
S’il est un artiste qui va au bout de son personnage, au rendez-vous de ses rêves, c’est bien Lavilliers… Notre grand fauve d’Amazone a, on le sait, tout fait ou peu s’en faut : fugueur, pensionnaire d’une maison de correction, tourneur, comédien, boxeur, camionneur, patron de boîtes de nuit, directeur d’une école de variétés… Et encore trafiquant, pensionnaire d’un QHS avant même qu’ils ne soient inventés, conducteur d’engins de travaux publics, loubard, que sais-je encore, vies entre toutes aventureuses pour pas même le salaire de la peur. Et chanteur de surcroît, oublieux que je suis. Bernard Lavilliers n’a eu de cesse, depuis des décennies, de justifier, d’illustrer son étonnant et soit-disant parcours, comme s’il peaufinait encore et toujours sa légende. A l’impressionnante liste de ses boulots passés et présents, Les Fatals Picards ont eu raison d’ajouter (dans leur fameuse chanson Bernard Lavilliers) celui de dresseur de fauves, montreur de tigres : « Comme quand t’étais chasseur de tigre, et que tu t’es fait bouffer un bras / Et que ton bras il a repoussé ouais t’es comme ça. » C’était de la fiction, que derechef Lavilliers transforme en réalité . Car c’est le rôle que, ce 29 mars, sur la circassienne piste du Gala de l’Union des artistes de retour (le Gala, pas les artistes…) après trois décennies d’absence, il jouera, luttant, s’escrimant, le fouet bien en main, face à des tigres féroces dont il sera forcément l’incontestable maître. Même à mains nues, même avec les dents s’il le faut. Bernard Lavilliers est un héros dont tout ce qu’ont pu imprimer les comics n’est que pale copie : notre multi-aventurier est capable de tout. Et d’abord d’être l’acteur privilégié de sa propre légende. De la maison de redressement de jadis, à côté de Saint-Marcel de Félines, aux félins d’aujourd’hui, des prisons de naguère à cette cage-là, Nanar a conservé, à défaut de vraisemblance, la grande classe d’une totale et superbe cohérence. Grrrr
Gala de l’union des artistes. Lundi 29 mars au cirque d’hiver Bouglione. Diffusion sur France 2 le 13 avril.
Bonjour,
Pourquoi vous donner la peine de parler de quelqu’un que vous n’aimez pas ? Je pense qu’en fait Lavilliers doit avoir encore vécu plus d’expériences que celles qu’il nous raconte. Et même si ce n’était pas vrai, cela m’est complètement égal. Il me fait rêver, voyager, aimer… tout comme Rimbaud, Cendrars, Le Clezio… Et pour cela, mille fois merci !
Réponse, quand même… : Qui vous dit que je n’aime pas Lavilliers ? Si vous saviez… J’ai pas envie de consacrer beaucoup d’écriture à des artistes que je n’aime pas. Nanar est de mon Panthéon à moi. Même avec sa mémoire en tous points singulière, entre toutes particulière…MK