Michael Jackson, plutôt mort que vif

Le pape de la pop : le vrai ou le gisant ? (photo DR)

Ainsi donc tout est organisé, planifié, tout prévu, déjà vendu. Pour 250 millions de dollars (record de chez record), Sony vient se s’offrir les droits de ce qui reste à venir, une fois qu’on aura bien pressé la dépouille de Michael Jackson, des fois que, dans son cercueil, on trouve encore quelques vers mutants ayant résisté au Propofol, qu’il en fasse même culture intensive, extensive. On sait tout, le nombre approximatif d’inédits restant à exploiter, le nombre d’albums à venir (une possible dizaine), leur rythme de parution (date de péremption fixée en 2017, faut donc se presser, y a ni temps ni argent à perdre !). A l’horizon et dès l’automne donc, du Jackson à vomir, têtes de gondoles réservées à l’année. Tout est prévu, sans risque. Vous n’avez plus qu’à acheter, (surtout) pas à réfléchir. Avec une telle somme rondelette, les héritiers Jackson payent les dettes de la star inconséquente, un rien capricieuse et dépensière. Et font une plus-value sympathique. Et l’industrie discographique se croit à nouveau pimpante, rayonnante, conjurant sa mort par plus raide qu’elle. Le contrat suppose en fait tout ce qui peut se vendre à l’estampille Michael Jackson, des disques certes, des dévédés bien sûr et autres objets musicaux (c’est pas l’imagination qui manque), mais tous autres produits bienvenus aussi : tee-shirt comme couches-culotte, jeux comme boules de geishas, tout ! Tout ce qu’on arrivera à nous refourguer. Braves et sages consommateurs, pas regardant sur ce qu’ils mettent dans leur caddie… A qui il ne restera qu’à payer. Comme des moutons bêlant en chœur le Moonwalker un rien désarticulé. Dire qu’il suffirait de presque rien, qu’on dise non à ce commerce immonde, pour que l’industrie discographique mondiale tangue, vacille et d’un coup meurt, rejoignant ainsi le cercueil baladeur de celui qui, même passé par trépas, danse encore. Vous qui aimez la chanson, celle qui a du corps, achetez Michael Jackson : c’est pour la bonne cause. Le film posthume This is it a généré à ce jour 250 autres millions de dollars et il s’est vendu aux States l’an passé pour plus de 8,3 millions d’albums de la star. Joe Jackson, l’heureux papa du Roi de la pop, a raison d’assurer que son défunt fils « valait davantage mort que vivant » (que ne l’a-t-il donc étripé avant !). Georges Brassens (petit chanteur au succès très localisé), lui, dirait que Michael bande encore : faites gaffe les petits n’enfants, ne vous approchez pas trop près du cercueil !

Puisque tout le monde fait son beurre de l’idole planétaire, pourquoi pas celui-ci : The Mirror nous informe ainsi de ce monsieur prétendant avoir volé la seringue qui fut fatale au chanteur, celle tenue par le forcément sinistre docteur Murray, alors gorgée jusqu’à la lie, l’hallali, de Propofol. Ce monsieur compte en tirer pas moins de 5 millions de dollars lors d’enchères qui pourraient débuter le jour anniversaire de la fatale injection. Remarquez qu’on aurait aussi vendu les restes du déjeuner de la star…