Sourigues, gascon de la chanson
Il a ce qu’on appelle une tronche, belle gueule à caricature, le type même des seconds rôles dans le cinéma de papa. On pourrait pareil lui confier le rôle de Cyrano, sans trop lui tirer les vers du nez d’ailleurs. C’est Alain Sourigues, un gascon qui fut, pas mal d’années durant, un authentique homme de lettres, à les distribuer, fier de son élégant costume bleu et jaune de La Poste, de son vélo avec sonnette, beau comme sa tatie un jour de fête. Sourigues manie la langue et jongle avec les mots, secoue le verbe qu’il retourne comme une crêpe, fait de l’aphorisme au kilomètre (ce bougre en a même rempli deux bouquins), toujours en équilibre sur l’étroit fil qui balance entre fin burlesque et pure poésie. Poésie des sens les pieds souvent englués dans le non-sens. S’il est chanteur, c’est à la marge, en un art qui n’appartient vraiment qu’à lui, qui est lui. Aussi vrai que les timbres sont dentelés, son verbe est dentelle. Avec des pleins et des déliés, comme une élégante calligraphie. « Il façonne les mots avec intelligence et en joue toujours sans gratuité. Chez ce chanteur landais, rien n’est laissé au hasard, surtout pas l’humour qu’il manie avec précision et justesse, comme chez tous les pessimistes gais » dit de lui mon ami Yannick Delneste, dans Chorus. Même paré de deux solides comparses musiciens, un concert de Sourigues lorgne sur le one-man-show, très chaud au sens de chaleureux, de convivial, liant ses chansons d’une sauce dont il a seul le secret des ingrédients. Sourigues est familier des scènes du Sud-Ouest qu’il sillonne par tous les bouts, moins des autres. Tel un aventurier dans une cafétéria, il se hasarde parfois dans les contrées indigènes du nord de Dax. Là, grande expédition, grand courage aussi, il se donne en spectacle pas très loin de chez moi. Bonne occasion de le saluer comme il se doit. Samedi 16 janvier à Monistrol-sur-Loire (43) avec Évelyne Gallet en première partie ; dimanche 17 janvier à La Buissonnière de Courzieu (69) ; mardi 19 janvier à A Thou bout d’Chant à Lyon (69).
Le myspace de Sourigues.
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