De la difficulté de bien parler chanson
Que n’ai-je donc fait le choix d’écrire dans les colonnes de Voici ou de Gala, d’Ici-Paris, Closer, France-Dimanche ou de toutes ces charmantes publications qui fleurissent à l’étal de mon marchand de journaux. Qui, toutes, nous content, nous comptent aussi, les amours de nos stars, leurs implacables coups du sort. Qui, chaque fois qu’une dame connue expose son poitrail au soleil, est bonne pour la postérité du papier glacé. Quel beau métier !
J’ai fait le choix, je ne sais pourquoi, de me consacrer à d’autres artistes. Qui, tous, semblent rétifs à ce genre d’élémentaire promo. Et se plaignent ensuite du manque d’intérêt que suscite leur carrière. Car, entre nous, c’est dur et lassant de ne parler que de leur œuvre (car, je ne vous l’ai pas dit, mais faut d’abord écouter leurs disques, la barbe !), d’en trouver la substantifique moelle dans le passé composé de la chanson, de la profiler dans le futur antérieur. D’aller, pour en causer, puiser dans le dictionnaire et extirper des mots au-delà des 3 ou 400 en usage dans la profession. Ah, ils ne sont pas faciles mes artistes, jouent pas vraiment le jeu ! Pourtant, Gérard Morel avec ou sans string à Saint-Trop’, je vous jure que ça doperait les ventes de son prochain dévédé. Et Jamait sans sa casquette, le top de la nudité, ferait mouiller les rotatives…
Les miens sont même tous en bonne santé. Ou alors ils font semblant. On me cache tout, on me dit rien. Pas de cancer, pas de prostate apparente. Pas de chirurgien douteux qui est le beau-frère de la fille de l’idole et qui, mince alors, rate l’opération du presque beau-père. Et que même la fifille, vous me suivez, un rien piteuse et confuse, s’en va se presque suicider en léger différé sur une chaîne de télé, sous l’hospice bienveillant des vitraux d’une église. Putain, coco, c’est bon ça, ça fait de l’audience et vendre du disque ! (tu penseras à ma petite enveloppe, hein !) Il y en a, c’est pas juste, qui ont tout pour eux. Des malheurs en veux-tu en voilà, des rebondissements que j’te raconte même pas mais que j’imprime copieusement. Tout. Des vies merveilleuses, des fins de vie baignant dans le suspense, des héritiers qui se déchirent par anticipation, des trahisons… un vrai bonheur de rédacteur en chef.
Comment voulez-vous que je vous parle des miens, les-chanteurs-de-mon-blog-à-moi, s’ils ne font pas un minimum d’efforts, s’il ne comprennent toujours pas qu’une chanson ne vaut rien sans une mise en perspective de l’artiste (une « mise en abîmes », qu’ils disent aussi les intellos) dans le champ médiatique. Et moi ça m’apporterait une fréquentation respectable de ce blog, tant que j’aurais vite mon rond de serviette sur les plateaux télé. On m’appellerait « Monsieur », je serais « le Morandini de la chanson ». Putain la chance ! Que je n’ai pas.
Merci pour cet article, l’humour est bien pratique pour dire comment l’on rame à présenter ces gens en tentant de mettre en valeur leur seul talent…
Peut-on s’abonner à ce blog et être prévenue quand il y a des articles ?
Merci !
Enora
Enora, s’il y a un lecteur qui peut me dire comment, sur WordPress, on peut déclencher des alertes, qu’il me le dise (michel.kemper@wanadoo.fr). J’ai (un peu, pas plus que ça…) honte d’avouer que je suis un peu une bille côté informatique.
Salut Michel !
Au cas où tu ne serais pas abonné au blog de Kent, il parle aussi de Laeticia…
http://blogs.myspace.com/index.cfm?fuseaction=blog.view&friendID=210040799&blogID=524176872
Merci Daniel Maillot pour le lien , les billets de KENT sont vraiment savoureux….fidèles au bonhomme !