Le beau Joyet nouveau qu’est arrivé…
Parfois – c’est rare – j’avoue, j’envie les parisiens. Car se permettre d’accueillir tous les soirs, pendant plus d’un mois, Bernard Joyet, auteur interprète capital s’il en est, me semble osé en ces temps, c’est de saison, de grande frilosité. Ah, Joyet ! la bonne humeur, la joie de vivre même quand il nous chante la boucherie-charcuterie de Verdun et ses petites balles perdues, même quand il s’en va frayer les vieux, en pur gérontophile qu’il est. Ah, Joyet qui, de son duo de naguère (Roll Mops) à sa plume inspirée et fournie prêtée à Juliette, est devenu Joyet, à savoir une des plus grandes pointures de la chanson. Ah, Joyet ! Mais Joyet ce n’est rien. Ah, Miravette ! Nathalie n’était somme toute qu’une musicienne, certes de talent, mais de là à partager l’affiche de Joyet, kif kif, même corps même caractère, sans doute pareillement payée, il y avait loin. Mais Nathalie Miravette a plus que du talent et, du reste, elle s’essaye même à la chanson. Si, si. Avec notamment ce monument du rire qu’est Cucul…
J’ai pour ma part découvert Joyet en 2002, soit peu de temps après qu’il se soit lancé en solo. Il faisait ce soir-là la première partie de Juliette. Le titre de mon papier d’alors, sur le journal du lendemain, « Le beau Joyet nouveau est arrivé », m’avait été soufflé par Arnaud Joyet, l’un des Joyeux Urbains (je n’avais même pas calculé qu’Arnaud était le fils de Bernard…) : « Beau c’est évident. Nouveau car Bernard Joyet ne nous était pas encore parvenu. Si on peut prendre du plaisir à aller chercher des émotions nouvelles, des formes peu usitées, des chemins de traverse, on en prendra autant à constater la subsistance de cette chanson-là, d’un grand classicisme. On verrait d’ailleurs bien Joyet entrer derechef dans l’étroit club des grands classiques. Des références (Brel, Brassens pour les plus connus) parsèment ses textes à la manière d’un ADN qui authentifie le travail. Bel ouvrage d’ailleurs que celui-ci dont les quelques pages offertes nous parlent d’amour et de vieillesse (« Mignonne allons voir si l’arthrose n’a pas d’effet libidineux ») et convoquent l’Histoire (…). Bernard Joyet a la tronche du rouge Dany-le-vert sur le pavé de mai. Même sourire, même bagout, même raisonnable provoc’ dans des mots de bon sens » (…) Bons débuts pour longue amitié ». Avant de combler les mômes à Noël, faites-vous l’énorme plaisir, le cadeau, d’aller les applaudir, ces fameux Joyet et Miravette. Faites avec eux bombance d’une foutue chanson que jamais vous ne regretterez.
Joyet et Miravette de concert, Théâtre Clavel, 2 rue Clavel dans le 19e, jusqu’à la Saint-Sylvestre.
Qu’ajouter à tout ça ?
Qu’il ne faut pas laisser Joyet nous refaire le coup de Roll Mops à savoir s’arrêter un jour pour cause d’indifférence de la profession chanson sous prétexte qu’il fait (aussi) rire. Joyet n’est pas un rigolo, c’est d’une densité incroyable, c’est drôle oui, ça pleure aussi, ça touche dans le mille.
Si vous êtes parisien et si vous hésitez, n’hésitez plus et amenez vos amis, faites un groupe …
http://www.chanson-net.com/tranchesdescenes/2009_12_15_joyet_clavel.htm
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* Eric *
Je découvre ce blog avec ravissement. Tellement rare de parler de ce que la chanson d’auteur fait de mieux aujourd’hui… Joyet est un immense auteur, et, comme toujours, les médias sont aveugles et sourds… Bien sûr qu’il faut courir au Clavel, ce que je ferais si je n’étais pas si loin de Paris. Mais j’ai vu Joyet dans son précédent spectacle et c’est un enchantement.
Je vois que ce blog a déja parlé de Leprest, autre auteur génial toujours pas sorti de l’ombre médiatique et inconnu de la médiocratie programmatrice, et avec lui Romain Didier, Jean-Pierre Réginal, Mouron, Gilbert Laffaille…
Qui dit que la chanson française est morte depuis Barbara Brassens Brel ou Ferré ?
Il n’est de pire sourd…