Va, Valhère, va…
Retour sur Valhère, sur la scène des Oreilles en pointe, jeudi dernier au FIL
Elle a cette voix viscéralement blues, déchirante, onctueuse et lancinante d’une Béa Tristan. A quarante ans d’intervalle, Valhère en est comme son pendant, un peu plus rock sans doute mais d’une émotion pareille, indicible et infiniment belle.
Scène du FIL, formule duo de guitares, l’une électrique l’autre pas. Valhère partage l’espace avec Vincent Bosler, immobile homme-instrument dont la guitare semble prolonger le corps. Silhouette fine et élancée, fière posture, bien campée sur ses deux jambes qui n’en finissent pas d’onduler au rythme de ses chansons, la dame fait récital. C’est apaisé dans la forme, pas forcément dans le texte ni dans l’esprit. Valhère est comme long supplique, intéressante voix qu’elle module sans cesse, entre toutes captivante. Pas de jeu de scène ici, c’est spectacle immobile où seuls les mots bougent, font chamaille dans les cœurs et tourneboulent les corps qu’ils explorent, géographie de sentiments contrariés, tourmentés : galerie d’existences, jolis portraits en fait, dominante bleue cause aux bleus de la vie qui a souvent le blues : « C’est beau le cri des femmes / Qui râlent à l’aube au pas des portes / Aux amants qu’elles chassent… » La chanson de Vahlère s’est naguère muée en un rock puissant ; là c’est comme si elle retrouvait ses accents d’origine, dépouillée d’un son parfois envahissant, nouvelle épure qui rend justice à des textes solidement charpentés, livrés en scène avec l’étendue de ses tripes qui, parfois, se muent en pure dentelle.
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