Escale à Orly
Orly Chap, ce fut hier, de passage au FIL, pour un joli envol rock. C’était aux Oreilles en pointe.
On ne sait, comme chante un certain, si c’est triste Orly le dimanche, toujours est-il qu’en ce jeudi d’Oreilles Orly Chap ne l’est pas, loin s’en faut. Pas elle, dans sa « lueur clown », son côté « folle dingue » revendiqué et assumé. Même si c’est dans la retenue d’une interprétation plus calme, en duo de guitares seulement. C’est un personnage, une vrai, que ce bout de bonne femme, cette bretonne blonde et rockeuse, aux paroles mi françaises mi anglaises, à la voix organique, aux accents d’une lointaine Mama Béa, semblables posture et énergie, du rauque n’roll modulant son cri à l’envi. Si la formule scénique pêche quelque peu par l’absence au moins de percussions (qui s’insinuent de temps à autres par les mystères des bidouillages du son), ce rock de fait minimaliste rend pour le coup justice aux propos de cette dame qui n’écrit pas avec le dos de la cuillère, ne négocie pas ses mots pour les mener à terme, ne tourne pas sept fois sa langue dans la bouche d’autrui. Quoique : « Roules-moi une pelle / que je te connaisse mieux » nous chante elle au chapitre des titres tous chauds tout neufs, inédits. Car tout tourne autour de l’amour « puisque les humains vont par deux / on fait bien la paire nous deux / Viens rire dans mes cheveux / Vient sourire sur ma bouche / fait que j’te touche ». C’est nature, franc, direct, sans ambages mais avec effets. Je sais elle voit « les faits (les fées, l’effet ?) nous dérouter »… Et quelque part elle nous déroute, nous défait dans sa sorte de quête d’absolu, de chant tripal qu’on voit vivre et vibrer devant nous. Il y a en Orly une douce magie euphorisante, et derrière les mots, même abrupts, des chansons des vraies. En somme, rien que du plaisir.
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