Kent en panoramique
Retour de Kent, hier soir, aux Oreilles en pointe. C’était sur la scène du Quarto d’Unieux.
Kent est ici sans apprêts mais pas sans passé. Il est parfois tentant d’un jour se retourner et ainsi de mesurer le chemin parcouru. De réévaluer, exhumer d’un involontaire oubli certaines chansons, quitte à les toiletter un brin, en laisser aussi parce qu’elles ne nous ressemble plus. Combien Kent a-t-il pu d’ailleurs en écrire, de Starshooter à L’Homme de Mars ? Seule comptent l’émotion et ces empreintes qui balisent nos vies. Deux guitares, acoustique, électriques, et voilà un Panorama soucieux et ordonné, trente ans d’itinéraire, rien d’un inventaire à la Prévert, interprété avec une fougue rare, une énergie inventive, festive. Qui d’ailleurs tranchait hier avec ce compagnon de scène, quasi immobile à la guitare, dont seuls les doigts osaient le mouvement. Et le boss, fou et généreux, inspiré, faisant à lui tout seul le spectacle, rockeur de cœur se donnant tout entier, s’offrant sans retenue. Bienvenue au club, Des roses et des ronces, Les Éléphants, Tous les mômes, Je suis un kilomètre, les titres filent et s’emboîtent, revisitant en une autre orchestration ce qui est bien plus que l’esquisse d’une œuvre. Intéressante mise en perspective vraiment qui mesure le chemin, le sien, le nôtre : « Viens, viens / je t’attends dans mon panorama ». Intéressante aussi, autant que frustrante, cette formule scénique où l’artiste est (presque) seul, sans aucune excuse, sans filet, certes avec les ficelles de son métier. Mais avec tout ce qu’on sait et attend de lui : ce talent surnuméraire et cette franche sympathie, la chaleureuse proximité de ce chanteur, juste quelqu’un de bien.
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