La Belle, hors combo

C’était hier à Unieux : Belle du Berry & David Lewis aux Oreilles en pointe. Les absents ont eu bigrement tort…

David et Belle, très belle (photo Blandine Croizier)

Ils sont en congés pour convenance personnelle, le temps pour eux d’accomplir un vieux dessein qu’ils n’avaient en eux que crayonné. Voici Paris-Combo mis entre parenthèses (pas longtemps, ils travaillent déjà la maquette du prochain opus) et, seuls sur scène, Belle du Berry et David Lewis, ou peu s’en faut. Avec la compagnie de deux autres musiciens, un batteur, un contrebassiste, pas la dimension d’un combo. Bien sûr, les regards convergent d’abord vers elle, la Belle, qui capte l’attention et l’écoute, qu’en retour elle comble de sa voix, de son indéniable présence. Comme jadis Carole Laure au détriment de Lewis Furey, comme il y a peu encore Catherine Ringer avec Fred Chichin. David, le compagnon, le musicien, l’australien, est non en retrait, mais plus volontiers dans l’ombre, à trompetter de son instrument, à servir sa dame. Elle, s’occupe parfois les mains de petites percussions, parfois encore bretelle son accordéon, et toujours habille sa voix de mots qui vont d’énigmatiques à francs, de douceurs invisibles et parfumés : « Et je regarde passer le temps / le temps qui passe de grain en grain / le long de l’entonnoir féminin / de mes hanches de taille ordinaire ». Ça swingue volontiers, en plus intime, extrême cocooning, moins démonstratif que leur combo habituel, plus introspectif sans doute. C’est douceurs qu’un public pour moitié de connaisseurs, pour l’autre en découverte, se délecte tout au long d’un récital passionnant et riche. Avec, pareil que sur disque, cette pépite qu’est Quizz, comme un manifeste, comme l’affirmation d’être femme dans la planitude de ses droits, dans l’historique de sa lutte, dans sa reconnaissance.