Mango Gadzi, la pure magie
C’était ce vendredi aux Oreilles en pointe, dans le petit village de Planfoy, au-dessus de Saint-Étienne.
Acte 1, Bar de la belote, Planfoy. De partout dans la vallée, il automne. Ici, sur les hauteurs, loin de l’épicentre festivalier, c’est l’hiver déjà. Mais pas en ce refuge, ce bar où il est difficile vraiment de se frayer un passage, où les places sont chères, que jeunes et vieux du village, aux aguets, ont pris d’assaut bien avant l’arrivée des artistes, des cultureux. « Viens voir les musiciens, les magiciens » chante un certain. C’est ça. Là, les huit de Mango Gadzi font déjà montre de leur (grand) talent, étalage de leurs possibles répertoires, pas nécessairement des titres qu’ils feront ce soir sur scène. Avec pas mal d’airs pris au temps qui passe. Ah, Besame mucho… Les Mango Gadzi font l’épate en un bœuf apéritif qui fait singulièrement grimper le mercure. On joue et on chante. On danse aussi dans cet espace restreint. Un beau moment vient la dernière note. Mais… au dehors, sans que rien ne soit aussi calculé que ça, s’élèvent d’autres notes : c’est la fanfare du lieu, tous de rouge vêtus, à prendre le relais. Plein de tubes dans ces cuivres, plein de joie aussi. C’est L’incendie à Rio et d’autres encore : c’est le feu luttant contre le gel. C’est magique. Allez, on poursuit un peu plus loin, dans la salle…
Acte 2, salle Exbrayat, Planfoy. Andalous et balkaniques, maghrébins et orientaux, dès leur entrée en scène, les sons fusionnent, les notes éclatent comme des bulles de savon, exhalant alors leur fragrance, dévoilant leurs possibles origines. C’est voyage, survol d’un grand pan de la planète musicale, photo aérienne au grain fin, au remarquable piqué. A l’écoute, on ne peut s’empêcher de tenter d’identifier les pays, les contrées explorés, en fins musicologues qu’on se croit être. Oud, flûte et violon, contrebasse, saz et cumbus, guitares et percussions, les secousses d’onctueuses musiques s’entrechoquent et se passent le témoin. C’est parfois doux, souvent tripal, rythmique, à l’image de Sofian, ce chanteur étonnant, ogre de scène à la voix profonde qui sait se faire orageuse, tonitruante. On dirait Vander n’ayant pour batterie que sa voix, autre magma d’une rare incandescence. Mango Gadzi c’est ça, un peu Négresses vertes orientalo-tziganes, longues conversations de sons, incroyable fusion, creuset autant que réceptacles de cultures qui par eux se fécondent à l’envi. C’est aussi l’osmose et la fusion avec le public pour qui c’est fête comme rarement, comme jamais. C’est magique !
Excellent et excitant groupe en effet, issu de Grenoble je crois, vus à Nice à peu prés à la même époque dans le parc de la Fac de Valrose et m’avaient aussi bien accroché avec déja deux albums/maxi à leur actif à cette période…