Fawzy Al-Aiedy, le bel hymen
Pas besoin d’être bilingue, né des deux côtés de la Méditerranée, pour aimer cette galette, ses ingrédients, sa délicate cuisson… Il est des disques qui, rien que de savoir qu’ils existent, vous secouent les papilles gustatives et auditives. Pique la baleine, Tri Martelod, Brave capitaine… voici à la fois des chansons françaises puisées dans la tradition et leur miroir d’Arabie. Lui, c’est Fawzy Al-Aiedy, chanteur d’importance, joueur de oud et de hautbois, « né en Irak entre deux pluies ». Il vit à Paris depuis un quart de siècle. Elle, c’est la lyonnaise Évelyne Girardon, grande dame, grande voix s’il en est du répertoire traditionnel. On se souvient d’elle dans La Bamboche, Beau temps sur la province et pas mal d’autres formations. D’un côté ces chansons traditionnelles, donc ; de l’autre, en miroir, en regards, en presque noces, leur (re)création inspirée tant par la musique traditionnelle d’Orient que par l’univers artistique de Fawzy Al-Aiedy. An-dro et derbouka, bourrée, oud et bendir, mi folk mi Maghreb, sacrément envoûtant, joliment dansant… Ce mariage est tant un beau et pertinent projet (le spectacle musical d’origine fut créé au Festi’Val de Marne en 2006) qu’une superbe réalisation. Il porte en son cœur, en son esprit, l’espoir de mutuellement se comprendre et est, à ce titre, œuvre de franche utilité publique. Sauf, bien sûr, si demain un gouvernement aux couleurs du chagrin, en mal d’électorat, nous explique, suite au si urgent débat sensé tous nous agiter, que la fameuse identité française ne peut s’accorder avec de tels mariages, que notre précieux patrimoine ne saurait en aucun cas se frotter à la richesse du monde…
Fawzy Al-Aiedy, Noces–Bayna, 2009 Victorie-Music
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