Sain Sanseverino
A quelques jours de la sortie de son nouvel album, Les Faux talbins (en bacs le 2 novembre), je ne peux m’empêcher de réanimer ce « vieux » papier très médicalisé sur Sanseverino. C’était en mai 2004, lors du festival Paroles & Musiques à Saint-Étienne. Hasard ou prescription chantée, j’ai renoncé peu de temps après à la cigarette. Si c’est pas Sansé ça…
Archive. Il n’aime pas, Sanseverino, l’imposant format Palais des spectacles. Trop grand, trop populeux, le public trop loin… Lui a besoin de voir à qui il cause. Allumez la salle ! Dieu qu’ils sont nombreux ! Il y a ça, qui le rend mal à l’aise. Et cet autre format, d’un co-plateau où l’on doit forcément abdiquer nombre de titres pour satisfaire au strict timing. On aurait aimé qu’il nous rechante, par exemple, un titre du défunt Béranger : pas l’temps, hélas, de nous développer la censée culture Sansé. Reste qu’en un tel format, il loge un max d’infos. En tchatche comme en chansons. Sanseverino c’est un TGV de la scène, qui débite comme pas permis, comme il ne devrait pas être permis. Car la diction en prend un coup. Déjà que la sono… Bon, de ci de là, on capte. Et puis on a les disques, n’est-ce pas ? On est censé connaître. Que nous chante-t-il donc cette fois-ci, le Speedy Gonzalès de la chanson, celui qu’on pense concourir au Guiness book ? Quelques vieux jeunes titres (oh, toujours cette «élégance (qui) n’a d’importance que si l’on y pense…») et d’autres nouvelles d’André, personnage désormais récurent de son répertoire : cette fois-ci, c’est pour adjurer André de ne plus «…faire de manteaux avec la peau des animaux / Pas besoin de morts pour être forts, d’être cruelle pour être belle». Et, juré, des titres thérapeutiques ! Sanseverino a du identifier cette niche commerciale du métier, il doit sucer le budget com’ du ministère de la santé. Car il ne parle franchement que des bobos : de l’âme et du corps. Il avoue même sa thérapie, au détour d’un rapide commentaire : «C’est fait plutôt pour être dit qu’être écouté», à propos d’un décès familial porté en rimes. «Fume, fume cette cigarette, grille des mégots de vieux clopos / Sur des conseils de médecine lus dans Poumons magazine…», Sansé – c’est pas stupide – fait un tabac en chantant les ravages internes de la cigarette… supposant la florissante forme de la Seita. Puis, bouche béante (là, j’imagine car, de loin, on voit fort mal : il faudra écrire, Sansé, un truc sur les ophtalmos !), il s’engage dans la prévention dentaire, tout en matant la bonne santé de l’assistante aux seins euphorisants. Ça et autres bobos : là je ne parle pas des bourgeois bohèmes. Tiens, bohème justement… Juste pour causer de sa musique, qui va, quitte à faire, bien aussi vite que ses mots. Gitane comme toujours, swinguée parfois, elle est le jeu, la joute, d’une rivalité de cordes au sein du corps (j’insiste…) des musiciens. Réjouissante, tourneboulante même. Comment vous dire précisément ? C’est ça : ça pète la santé !
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