Faux nez rouges
Ils étaient cinq au textile rougeoyant, en culottes courtes. Par quel étrange phénomène biochimique sont-ils désormais trois aux pantalons rallongés au lavage, toujours est-il que les Wriggles de maintenant sont d’un autre format. Pas d’un art différent, loin s’en faut ; ils sont d’une verve qui maintient le verbe haut et ne négocie rien. S’ils aiment faire les clowns, leur faux nez ne tient pas longtemps : ils sont comme bouffons, à asséner à notre monde ses quatre vérités comme autant de gifles que le monde et nous méritont amplement. Ceux qui ne viennent les applaudir que pour rire ont tout faux, au moins à moitié. Car leur rire est souvent jaune. Et saigne abondamment, gicle parfois. Stéphane Gourdon, Christophe Gendreau et Frédéric Volovitch poursuivent depuis une douzaine d’années cette folle aventure chanson qui n’avait à leur avènement aucun équivalent. Qu’on copie désormais, mais jamais aussi bien. Rien n’est tout à fait innocent dans leur jeu, dans leur set de chansons, même le gratuit ne l’est pas. Notre trio bouscule, cartonne, interroge, nous interpelle. Même dans la pure poésie, quand il impulse la vie à une olive ou à une montgolfière, quand ils donnent des états d’âme aux CRS, quand ils jouent la vie à pile ou faf’. Je les imagine mal en concert lors d’un congrès de l’UMP. Pas plus qu’au PS remarquez. Car eux ne transigent pas, ne tortillent pas du cul pour chiez droit, ne naviguent pas entre deux eaux usées, n’attendent pas les voix des chasseurs. Il sont, dans leur art, un peu de notre dignité perdue, la mise sur scène de ce qu’on pense mais n’ose plus dire. Il sont à la croisée de Tati (pas les magasins, non non) et de Bedos. Ils sont importants ! On les retrouvent sur un nouveau DVD (le troisième). Ça se nomme En tournez, cause à leurs faux pifs en gadgets. Avec, en prime, un CD en live. Ça, ça ne se refuse pas.
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