Alcaz, palpitante chanson…
(17 octobre 2009, A Thou bout d’Chant, Lyon)
Une cave voûtée, antre de la chanson, au pied de la Croix-Rousse, rendez-vous nocturne, quasi secret. Ça fait lieu de résistance pour chanson d’émotion, de passion, une « underground » qu’on choppe un beau jour sur les lèvres d’un ami et, tenace, ne s’en va plus jamais. C’est tout là-bas, au fond de la rue de Thou, un détaillant de chanson, fournisseur en gros de (belles) paroles et de musiques.
C’est pas l’Olympia, non, ni Bobino ni l’Alcazar, c’est mieux encore. C’est petit, intime, chaleureux. Surtout ce soir… Pour Alcaz, tendres et éternels amoureux venus de Marseille. Ou de Montréal ou d’ailleurs tant leur bonheur prodigué fait son bonhomme de chemin en nos oreilles et se fout bien des visas. Elle, c’est Vyvian ; lui, Jean-Yves. Se sont rencontrés un beau jour à proximité de la Cannebière et, depuis, chantent leur amour. Dit comme ça… « J’en ai rencontré des filles / Mais comme elle jamais… » La dominante de ce récital sont ces regards qui jamais ne se quittent et se jouent la constante dramaturgie de l’amour, jalousie inclue histoire d’en connaître les frissons. Oh, juste un rien d’infidélité pour ce public tout aussi aimable, aimant à l’extrême. Il faut voir ces deux chanteurs gourmands l’un de l’autre, à s’envoyer des baisers que véhiculent les mots, que tractent gestes et postures. Un jeu de l’amour qui ne doit rien au manufacturé, au figuré : le show-bizz n’y a pas mis son imprimature. C’est ce qui fait la force de ce duo où rien ni personne ne triche. Vyvian a la fluidité d’une voix désirable à l’envi ; Jean-Yves le rapeux d’une voix malmenée, trimballée, tourmentée en d’autres et précédentes histoires. Reste que les deux s’ajustent, se complètent, se juxtaposent, s’harmonisent, même et surtout dans la fragilité : « On marche fragiles à côté / Princesse d’argile, chat botté ». Leurs chansons dessinent à merveille la carte du tendre et les chemins pour y accéder, la boussole pour s’y déboussoler. De l’amour… Bien qu’en cœur de spectacle, les voix se font plus grave en quelques chansons debout, des morceaux de résistance comme cette Affiche rouge de Ferré, non exempte d’amour elle-aussi, mais rouge du sang qu’il faut verser. Il faut, je crois, avoir vu Alcaz au moins une fois dans son cheminement de spectateur. C’était bien la cinquième ou sixième en ce qui me concerne et ce n’est pas que du professionnalisme, mais bien de la gourmandise. La surprise était quand même encore là : jamais je ne les avait vu aussi bons, aussi doués, à nous emmener avec eux si loin dans les battements de leurs palpitants. Tant qu’on en redemande…
Le site d’Alcaz, c’est ici.
Que peut-on ajouter à ce texte merveilleux quand on vient de le lire et d’avoir l’impression d’être alors dans la salle ! Que c’est juste et que c’est bien dit !
Quelle belle réceptivité pour ce que vous avez donné, et comme c’est fort quand, ce qu’on délivre, offre, envoie dans le monde est si consciemment reçu ! Superbe hommage à votre puissant travail qui vient s’accorder à votre rythme qui ne bat qu’à la mesure de l’amour… de l’autre, de vivre, d’être…
Je me sens fière pour vous !
On ne sait s’il faut adresser ce commentaire à Michel pour cette plume sensible, alerte, belle enfin, ou aux amis Vyvian et Jean-Yves qui depuis 2005 , année de leur passage en Ariège sur notre évènement, parsèment ma route de leur incroyable connivence , pas seulement chantée … sans doute aux trois … Alors merci pour ces mots cueillis un matin d’automne sur Toulouse, un jour de convalescence…Rien de bien grave , juste ce qu’il faut pour regarder les heures flaner et se donner le temps de vous répondre. Juste ce qu’il faut pour s’offrir de se dire que l’on s’aime. Claude