Entre le Littré et le litron
Voici le quatrième opus d’Entre 2 Caisses, enregistré un soir dans la chaleur d’un bistrot du canton de Vaud, au mitan des neiges alpines. Ce disque gourmand (une vingtaine de plages) revisite certes quelques titres fameux (du Couté, du Mathieu, du Bühler, du Blanche…) que ce quatuor se met en bouche. Dont L’Herbe tendre, cette chanson de Gainsbourg qui, invariablement, termine tous les disques et clos pareillement chacun de leurs concerts. On s’attardera fatalement plus sur leurs nouvelles créations, des petits bijoux signés Romain Bouteille, Loïc Lantoine, Olivier Volovitch (la moitié de Volo), Denis Lachaud, Claude Semal, Gilbert Laffaille, Yvon Rosier ou encore Dominique Bouchery – c’est l’un des quatre d’Entre 2 –. Et Guillaume Apollinaire. Entre 2 Caisses est entre le littéraire et le populaire, le Littré et le litron, le noir et le « rouge pas farouche qui fait chanter les verres ». Par eux la vie coule, gouleyante et fruitée. Mais y’a pas que d’la joie dans leurs vers, on y trinque aussi, on y colère, on y pleure presque dans la nostalgie déchirante d’un accordéon déchiré. Quelque soit la plume qui s’en vient caresser leurs cordes vocales, c’est rien que du bon sens, du solide. De l’inaltérable presque. Dans un chant de grande humilité, d’une absolue simplicité, qui fait honneur aux textes ainsi (re)visités. L’opus se nomme On y est presque : savent-ils qu’ils y sont, aux portes de la perfection, au presque sommet de leur art ? Ne leur dites pas, ils n’aiment que la discrétion de leur petit commerce, détaillants d’une chanson d’artisanat, faite à la maison entre deux canons. La seule qui vaille vraiment. Bravo les gars !
Ne cherchez pas ce nouvel album en bac, nos quatre gaillards – Bouchery, Martins, Mouron et Raymond – ont décidé de revenir à l’auto-distribution. Vous ne le trouverez que là où il s’en viennent chanter. Ainsi que par correspondance, sur leur site.
Sur ce même blog on lira aussi La nécessaire chanson d’Entre 2 Caisses.
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