Rugueux et Toulis à la fois
(Maison communale de Feurs, 26 septembre 2009)
Il semble y avoir plusieurs Toulis, selon la configuration du moment. Si le dernier album, Soyons classe, lit de notes délicieusement jazzy, nous fait parfois, souvent, songer à Yves Montand pour l’interprétation et à Francis Lemarque pour l’écriture (surtout quand celle-ci s’inscrit en Capitale), le spectacle présenté hier à Feurs, volontiers puisé dans le premier album, Soyons bref !, duo guitare-contrebasse, volontiers comique aussi, s’inscrivait plus dans le registre d’un Brassens pas toujours pour toutes les oreilles, un peu rugueux. Et de Coluche (ne serait-ce que par la voix, l’humour caustique et les mimiques du chanteur).
Ìdéal d’ailleurs pour un public non d’un autre âge, mais quand même plus sel que poivre, pour lequel Toulis n’évoquait rien. Plus maintenant tant ce mec à l’éternelle tenue orange sait secouer son auditoire, le sortir de sa torpeur, le faire passer au rouge.
Toulis fait dans la chanson d’amour (pour vendre ses disques après), celle alimentaire (effectivement à croquer), dans de savoureux portraits et un rien de contestation, de provoc quand il chante La Lucarne à blaireaux ou qu’il s’en va à la chasse contre les excités du fusil carnassier. Son art s’inscrit dans la grande tradition de la chanson, alternant le grave et le rire, son évidence passion pour un jazz qu’il trompette à tout-va et lui « dizzygillespise les joues ». Et des chanson-sketches à désopilante vertu. C’est bien vu et tout passe, même ce Célibataire un peu raide qui « s’tripote tous les soirs / en t’imaginant plein d’histoires ».
Il y a, grand bonheur, cette rayonnante complicité avec son instrumentiste Brahim Haïouani (et notamment ce délicieux morceau à quatre mains entre eux qu’on peut retrouver sur video.google.fr/videoplay?docid=3444736358010755619). Il y a cette présence de tous les instants, vraie joie communicative et beaux numéros de scène, efficaces. Presque de quoi faire oublier toutes ses autres et formidables chansons qu’il passe là sous silence, qu’on attend mais ne viennent pas, de celles qui font de cet auteur interprète un chanteur de premier ordre. Cette formule-là ne nous apporte que l’écume de Toulis. On peut le regretter.
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