Qui matera Matrat ?
L’ancien leader du groupe Factory mène depuis des lustres une carrière solo un peu trop, c’est dommage, à l’abri des médias. Voici un papier que j’avais fait sur lui il y a quelques années déjà à l’occasion de deux concerts dans le petit village de Viricelles, grand lieu de la scène ligérienne, entre Lyon et Saint-Étienne. Il y est retourné en octobre 2011 (vidéo ci-dessous). En bonus, une seconde vidéo, exceptionnelle, qui nous fait retrouver Factory, à l’occasion de leur première télé, en avril 1980, pour « Jette un sort ». La magie Matrat est pareille, déjà là.
Archive. Yves Matrat est un insatiable gourmand. De tout sans doute. De la scène, c’est sûr. Qui ne lui est pas souvent offerte, c’est regrettable. Là, il y donne certes le meilleur de lui-même mais plus encore : tout lui ! C’est vraiment tout lui ça. Le chanteur de Jette un sort et de Petit Pablo devait faire, à l’invitation de l’association Vibrevan’z, une simple soirée à Viricelles. Il en a donné deux, à guichets fermés. Deux soirées, six heures de scène et tout Matrat ou peu s’en faut. Ipso facto avec Factory dont il fut le charismatique leader, en s’adjoignant pour l’occasion «Puce» Saïbi, un de ses fidèles compagnons des années rock et le pianiste Stéphane Vettraino, relayés le lendemain par Stanislas Pierrel et Rémy Goutin. Même orphelins de ce groupe, les textes de Matrat gardent une puissance d’évocation incroyable tant il est vrai qu’ils tiennent particulièrement la route. Légende et inventaire par son œuvre solo, ses compos récentes, ses chansons latinos, par Brel et Ferré côtoyés. Ce fut, sinon l’intégrale, au moins la large anthologie d’un artiste en tous points précieux. Matrat est un nègre blanc qui converse en chantant, qui chante en conversant. Il trimbale son âme nomade sur une scène qu’il habite pleinement, qu’il meuble de son chant inspiré et majestueux, qu’il agite de ses amples gestes. C’est un corps qui vibre, une voix scandée, ivre de passion, dans une tonalité forte, pleinement maîtrisée. C’est à lui seul une chanson vivante, inventive, passionnante, prospective, sauvage et libre. Comme un indomptable fauve. Qui matera Matrat n’est pas encore né. Pour en avoir payé le prix, le chanteur au visage buriné est devenu l’expression même d’une liberté en tous points enivrante. Donnez-lui toute scène : il y mettra le feu ! Qui l’a vu sait qu’il en est un des géants.
Le site des Récits d’Yves d’Yves Matrat, c’est là.
C’est un type qui met le feu sur scène, c’est sûr que nul ne peut rester indifférent, revisiter « à la claire fontaine » en reggae, c’est sûr qu’il fallait du talent. Il fallait Yves Matrat. Rien que de voir cette vidéo, je craque. Merci Michel de m’avoir fait découvrir Yves Matrat !