Qui, Louki ? Non, Perret !
C’est Marcel Gotlib qui, lors d’un entretien pour Chorus, me parlait ainsi de l’ami Pierrot : « Chez Pierre Perret, c’est un paradis. Vous y êtes déjà allé ? Sa maison, quand il la montre, il dit : « De là à là, c’est Le Zizi ; de là à là, c’est Ouvrez la cage aux oiseaux… » ». Et cette autre pièce cossue, là, c’est sans aucun doute Les jolies colonies de vacances, tant il est vrai que cette chanson fut, à l’époque de sa sortie, en 1966, et pendant des lustres, comme un hymne national. Et une belle et solide rente pour l’artiste. Je fus colon dans ces années-là et me souviens sans mal de cette chanson reprise à tue-tête, entonnée en d’interminables randonnées, cœurs vaillants et cœurs chantant, un peu comme un constant défi aux monos, une transgression autorisée. Merci Pierrot !
Il y a peu, rumeurs et reportages (Le Nouvel Obs, Le Figaro…) nous ont apportés une autre image, une autre idée de Pierre Perret, nettement moins amusante. Inquiétante même. Sur ses vérités qui n’en seraient peut-être pas. Sur ses rapports avec Léautaud, avec Brassens…
Pas sur Pierre Louki, grand ami de Brassens par ailleurs, et c’est dommage. Ou alors ce n’était dit pas très fort. Et pas relayé par les médias. Voici une chanson de feu Louki (1920-2006), enregistrée à la Sacem en 1964, qui ne connu aucun succès, cause, semble-t-il, à une musique peu appropriée, tirée de La Danse des heures d’Amilcare Ponchielli. Chez Louki, la chanson se nomme Lettres de vacances. Rien que la lecture vous fait penser à une autre et célèbre chanson :
Mes chers parents j’écris ce mot
Depuis le camp du « Bord des flots »
C’est bien situé et puis c’est chouette
On a la mer à moins de trente-cinq kilomètres
Pas besoin de réveil-matin
Tout à côté il pass’ des trains
Quand le train siffle c’est pas gênant La chef’tain’fait beaucoup plus de bruit en ronflant (…)
Tout est à l’avenant. Sur les monos, l’hygiène, la bouffe, l’air à respirer, sur tous ces menus soucis qui rendent verts les parents à la lecture de la lettre du môme…
Louki, Perret… Pas de commentaires à faire là-dessus, vous êtes bien assez grands. Tout juste émettre l’idée que, sinon une aile, au moins une pièce de la propriété Perret aurait pu s’appeler Pierre-Louki, en évidente reconnaissance du ventre…
L’arrivisme de l’un et la l’intransigeance de l’autre Pierre sont indéniables. Sa solitude aussi, et la qualité de son travail. Merci de parler de Pierre Louki.
Disons aussi les interprètes qui le portent aujourd’hui, entre autres Claire Elzière. Ecoutons-la, écoutons-le.
Bonnes chansons.
JPaul Gallet
Merci pour ce témoignage.
Tout ce qui se rapporte à Pierre Louki nous est cher!
j’ai eu le bonheur d’interpréter ses chansons accompagné par ses magnifiques et fidèles musiciens que sont Jacques Bolognési, Daniel Barda, Jean-Christophe Hoareau, Christine Laforet et Jean-Luc Ponthieux.
Pierre Louki est un grand poète qu’il est urgent de redécouvrir.
Troublant en effet
C’est un vol pur et simple que je trouve plus que troublant. Si j’étais en procès en face d’un tel voleur, je m’en servirais comme indication de son caractère et d’une pratique qui ne date pas d’hier…
Il ne faut pas exagérer non plus : la chanson de Perret a en propre d’être bien meilleure que celle de Louki, même si le thème est le même. Ecoutez donc « Concorde aux USA » (http://www.bide-et-musique.com/song/3657.html) et vous comprendrez pourquoi Sardou n’a pas fait de procès pour plagiat.
Je soupçonne fortement que les deux chansons ont été inspirées par « Camp Granada », exactement sur le même thème (un jeune garçon décrivant dans une lettre a ses parents son apocalyptique camp de vacances) qui a eu un certain succès aux USA et est sortie en 1963, donc avant Louki et Perret. J’aurais beaucoup de mal a croire que complètement par hasard, Louki a eu la même idée un an plus tard et Perret 3 ans plus tard. Il me semble évident que Louki/Perret ont eu vent de la chanson américaine, et ont voulu en faire une version française.
Merci Laurent ! Envisagée sous cet angle, l’affaire prend une toute autre orientation…
« Camp Granada »
Hello Muddah, hello Faddah,
Here I am at Camp Granada.
Camp is very entertaining,
And they say we’ll have some fun if it stops raining.
I went hiking with Joe Spivy;
He developed poison ivy.
You remember Leonard Skinner;
He got ptomain poisoning last night after dinner.
All the counselors hate the waiters,
And the lake has alligators,
And the head coach wants no sissies,
So he reads to us from something called « Ulysses ».
Now I don’t want this should scare ya,
But my bunk mate has malaria.
You remember Jeffrey Hardy,
They’re about to organize a searching party.
Take me home, oh Mudda, Fadda,
Take me home, I hate Granada!
Don’t leave me out in the forest where
I might get eaten by a bear.
Take me home, I promise I will not make noise,
Or mess the house with other boys.
Oh, please don’t make me stay,
I’ve been here one whole day.
Dearest Fadda, darling Mudda,
How’s my precious little brother?
Let me come home if you miss me,
I would even let Aunt Bertha hug and kiss me.
Wait a minute, it stopped hailing,
Guys are swimming, guys are sailing.
Playing baseball, gee that’s betta,
Mudda, Fadda, kindly disregard this letter!
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