C’est beau Bobin
L’homme, étrange bipède dans un monde incertain… Tous les titres du troisième opus de cet artiste lyonnais explorent ce thème. D’abord par cette chanson-titre, Singapour, sur les délocalisations sauvages (Y’avait plus rien / Plus une machine dans mon décor / Plus de turbin) qu’on ne peut s’empêcher de rapprocher des Mains d’or de Bernard Lavilliers et de Il ne rentre pas ce soir d’Eddy Mitchell, pas que sur le thème, sur la qualité d’écriture aussi, comme sur l’émotion. Ça, la suffisance de l’argent et du pouvoir, le banal sort d’un noir en Georgie, la révolte à venir des affamés du Monde, la vie de rechange qu’on s’invente pour supporter la réelle… Le parti-pris de légèreté qui fut celui des frères Bobin (Frédéric compose et chante ce que son frère Philippe écrit) appartient désormais au passé. Sans être nullement pesant, loin s’en faut, ce disque suinte de gravité. Que rencontre la nécessaire tendresse. Et toujours l’élégance, décidément marque de fabrique. Ce disque ne peut nous lasser.
(CD Singapour. On peut le commander à F. Bobin, 1 place de la Croix-Rousse 69004 Lyon ; www.fredericbobin.com)
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