Barjac 2023. Démoniaque Dimoné !
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals
Tags: Barjac 2023, Dimoné, Nouvelles
30 juillet 2023, festival Barjac m’en chante, Espace Jean-Ferrat, Barjac,
(spéciale dédicace à Christophe Novelet)
Je ne suis pas de ceux qui disent « je » en traitant un artiste : persuadé qu’il faut servir les artistes, non s’en servir. Trop s’en servent, j’ai des noms.
Pourtant il me faut dire « je » tant, à mon humble niveau, Dimoné et moi sommes liés. D’un article, paru il y a pile dix ans, né sur cette grande scène du château de Barjac. Un malentendu avec des spectateurs, des contradicteurs insistants, à propos de la prestation de Dimoné. Et au passage le plus grand nombre de commentaires, indignés, agressifs, provocateurs. Ça racontait l’histoire de la rencontre entre Dimoné et ce public si particulier de Barjac, de bien plus grande radicalité qu’aujourd’hui, où l’artiste, malgré ses qualités, n’avait pas rencontré – c’est un euphémisme – l’adhésion d’un public alors saturé de trop de propositions nouvelles. L’article avait eu grand succès, grand débit grand débat. La réputation de Dimoné était faite, l’idée me plaît que j’en sois pour partie responsable.
Dix ans après, même scène, première partie encore. Dimoné dépouillé à troqué sa guitare électrique pour un Steinway, et retrouvé Jean-Christophe Sirven pour complice et pianiste. « Un piano-voix, sur de nouvelles chansons et de nouveaux textes en plus de revisiter mon répertoire que je déplumerai et auquel je grifferai le bec ».
C’est pas pour botter en touche mais chroniquer ce concert relève de l’impossible ; à l’impossible NosEnchanteurs est tenu, sans nulle retenue. Allons-y sans complexe, les rockeurs-branleurs de Libé ne feront sans doute pas mieux. Dimoné est hors du champ de la critique, de la raison : il est frère de déraison. Il est ailleurs et ce n’est déjà pas chez nous, sans doute d’un autre pôle, une autre planète : l’équivalent « chanson » se situerait approximativement entre Bashung et Pinard (je ne parle pas du Kiravi ou du Préfontaines, mais du chanteur lyonnais). C’est un flux, ondulations de vagues, vaguement la mémoire et l’amer. C’est un fou, plus encore : un artiste, en échappement libre, sans entrave. Libéré de tout instrument, il parle avec ses doigts, ses bras, ses yeux, chante de tout son corps. Il hurle, se cambre, aime et implore et je ne sais quoi encore : le débit de ses propos de celui du laid et du beau, il est fondamentalement urgent, intrinsèquement libérateur, novateur. Trop rapide, on ne comprend pas tout ? Qu’importe. Comprenait-on tout Bashung ?
Et le public ? Il adopte résolument ou rejette carrément. Mais les temps ont changé, Barjac a fait son œuvre. On ne voue plus l’artiste au goudron et aux plumes : on le reconnaît, le sacre et l’encense, lui fait singulière ovation. Ou on se tait. Là, Dimoné a acté, en ce festival-étalon, son statut de très grand, une tête au-dessous de tout le monde, fut-ce de Marc Casa qui lui succédait (deux mètres zéro deux tout de même). Comme un invraisemblable vertige. De l’amour il va sans dire.
Le site de Dimoné, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Maître Kemper
Quel bel article et je me rappelle bien du flux de commentaires après ce premier article
Que j’aime ces artistes fous
Je suis un grand amoureux de Pinard, Loïc Lantoine, Sarclo, Matthieu Côte et j’en passe !!!!
Que j’aimerais accueillir dans notre petit lieu ce sublime artiste !
Et je sûrement pas le seul à la maison à penser à cela
Bon Barjac
Michel , tu nous fait rencontrer tant de talents, que je n’avais pas encore , écouté Dimoné … les mots arrivent en cascade…ça ruisselle, ça gronde, ça s’entrechoque…il y a du Nougaro dans ces tripes non ?
10 ans, pas plus ?
Un 30 juillet, date qui m’est chère
Un grand moment ! Chapeau l’artiste !