Les Oreilles en pointe 2022. Raphael joue et la caravane passe
« Bande magnétique » création de et par Raphael, 19 novembre 2022, Le Firmament à Firminy,
L’ordonnan- cement de tout concert est quasi immuable : une succession de chansons dont l’artiste a pris grand soin d’en réfléchir l’ordre (ce qu’on nomme la track-list), parfois des commentaires et autres palabres entre, et les rappels en toute fin. Il est tentant – certains s’y sont essayés –, de mettre en scène ses chansons, de les unir par un fil rouge, parfois par une histoire. Je n’ose dire une dramaturgie, mais… J’ai déjà vu quelques concerts revisités ainsi : aucun ne m’a laissé un impérissable souvenir. Il ne faut pas mixer théâtre et chansonnettes, en général, ça ne le fait pas.
Raphael fait ici compile de ses succès en imaginant un scénario : basta l’incompréhensible forêt du début, on doit être dans un studio d’enregistrement où se revisitent ses chansons et la petite histoire du chanteur façon détails intimes imprimés sur les pages de Gala. Avec un technicien aux interventions intempestives et aux propos ma foi inintéressants dans une philosophie à deux balles et des considérations à l’emporte-pièce. Voici donc le déroulé de cette soirée avec Raphael : c’est chiant, rageant, frustrant, qui plus est mal joué.
Raphael est seul : pas de musiciens, c’est toujours ça d’économisé sur le budget de la tournée. Sauf un autre pianiste « virtuose » qui le remplace un moment en cours du spectacle. Seul mais – saluez l’astuce – dans un studio où ce ne sont pas les bandes-son qui manquent. Au besoin, on balance donc du son, même de joyeux cris d’enfants, même les délires de fans en conserve ! Quitte à massacrer (désolé, il n’y a pas d’autre mot) Les Salines de Bashung devenue une inaudible bouillie sonore dont pas un traître mot ne surnage. L’auto-tune est ravageur.
Il faudra m’expliquer pourquoi, qui plus est en ce « studio » et même en dressant l’oreille (ce qui, aux Oreilles en pointe, est comme profession de foi), on ne puisse comprendre plus d’une chanson sur trois, et encore. La veille, dans la même salle, le son était on ne peut plus nickel malgré des musiciens en nombre, tant que j’ai cru comprendre l’espagnol avec Olivia Ruiz. Là, alors qu’il n’y a jamais plus d’un instrument à la fois (avec l’apport, c’est vrai, de ces vilains sons additionnels), il valait mieux connaître son Raphael sur le bout des doigts, le bout des lèvres. Bon, vu le contenu des textes (des chansons d’amour sur, ma foi, de bien belles mélodies), vu aussi que sur la plupart des chansons la même phrase est reprise vingt ou trente fois (« Je ne sais pas ce que je ferai / Quand que te reverrai / Mais je ne pleurerai pas… » ad libitum) , au bout du compte on finit par décrypter ces vers : j’en ai toute une collection.
Mon ami et estimé collègue Pol de Groeve me jure qu’un concert de Raphael, « toujours entouré de très bons musiciens », c’est bien, c’est même très bien. Et je n’ai aucun mal à le croire. Un concert, oui, mais pas un pitoyable concert théâtralisé comme celui-ci, cette Bande magnétique là.
Le site de Raphael, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Raphael, sur « Bande magnétique » :
« Ébloui par la nuit » (extrait du spectacle, vidéo amateur) :
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