Brac en vrac
Des résurgences bien venues, des rebonds du temps, dix-huit chansons tirées d’un passé parfois lointain (son premier album remonte à il y a quatorze ans), sauvées de l’oubli : « Elles avaient pris la fuite ! Elles ignoraient l’air du temps. » Pour la plupart gravées sur de précédents disques (en fait ses trois premiers opus), elles ne se montraient pas en concert, vous ne les connaissiez pas vraiment (en plus, pour faire bon poids, il y a trois inédits et ceux-là vous ne risquez pas…). Du reste, il se peut que certains d’entre vous ne connaissent pas plus leur géniteur : je vous le présente, il se nomme Brac, Jean-Michel Brac. Nous l’aimons bien, ici, à NosEnchanteurs. Car il est aimable et ses chansons sans prétention font l’effet d’un baume, d’un onguent, un de ces remèdes à l’effroyable air du temps. Ce sont simplement des chansons, bien construites : belle écriture, jolies mélodies. Un peu à l’inverse du tout venant qui prévaut de nos jours. Brac est un de ceux qui perpétuent une tradition, un savoir-faire, un évident savoir-chanter : en cela il est précieux. Aussi précieux que méconnu. Je parle de tradition et c’est vrai qu’on trouvera en Brac l’intonation et beaucoup du talent d’illustres prédécesseurs : Ferré, Caussimon, Laffaille, Dautin…
Mais ce diable de Brac ne se limite pas à un genre : il s’offre au contraire le plaisir du touche-à-tout qui, sans dédaigner loin s’en faut une chanson bien comme il faut, fait à celle-ci quelques infidélités du côté de la variété, du blues, même du rock’n’roll. Bon, c’est pas Dick Rivers, mais son rock (Annabelle) est d’une sympathie à toute épreuve… Brac fait étalage de tout son talent à tel point qu’après l’écoute de ce CD gourmand on aura du mal à l’étiqueter. Du grave au drôle, de l’émotion aux résolutions, il peint de sa large palette une grande partie du spectre de la chanson. Comme le disait ici il y a peu ma consœur Catherine Laugier : « C’est un artiste complet, bigrement intéressant ».
On ne se refait pas : dans la sélection du Breton, la mer est encore bien présente, dans laquelle baignent nombre de vers, jolis hameçons. La mer et l’amour, parfois des deux : « Maille à tes draps, maille à défaire, maille à l’étroit, maille à la mer ».
Du vrac, disais-je en titre pour la consonance. Du vrac à l’étal du petit commerce de Jean-Michel Brac, déballage du grand art d’un habile artisan de la chanson. C’est judicieux : même ceux qui le connaissent bien ont l’impression d’en apprendre plus encore sur lui.
Redonnez de l’éclairage à de tels titres est leur redonner la force d’exister, les faire rebondir (est-ce cela les Chansons trampolines ?), convaincre un nouvel auditoire, peut-être l’élargir.
Brac, Chanson trampoline, autoproduit 2022. Le site de Jean-Michel Brac, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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