François Béranger « La gigue de la reine »
Quand la reine est venue chez nous
Ah ! La belle fête !
On les a comptés par milliers
Ah ! Les belles manières !
Dans les avenues et dans les rues
En gabardine en bleu-marine
Bien plus nombreux que les curieux
L’œil aux aguets et soupçonneux
Vive les souliers à clous ! (…)
Quand la reine est venue chez nous
Ah ! La belle fête !
N’allez pas croire mes bons amis
Ah ! Les belles manières !
Que j’en veuille à Couine Elizabeth
Avec tous ses soucis d’argent
Ni à notre bon président
Qui aime un peu trop les agents
Vive les souliers à clous !
François Béranger
Paroles et Musique François Béranger. Premier enregistrement sur le vinyle « François Béranger » 1974
Ici la chanson est tirée de l’enregistrement en public édité en 1977, ralenti par rapport à l’original.
En 1972 Elizabeth II, (1926-2022) la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et des autres royaumes du Commonwealth, plus couramment appelée reine d’Angleterre, rend une visite officielle en France, alors que Georges Pompidou est président de la République.
François Béranger dans son troisième vinyle paru en 1974, dit « La chaise » pour sa couverture, qui commence par Rachel, et finit par Manifeste, écrit une chanson contestataire sur une gigue endiablée. Dans un style folklorique toujours décliné au Québec, type chanson à répondre, avec ces phrases qui se répètent « Quand la reine est venue chez nous / Ah la belle fête / Ah les belles manières / Vive les souliers à clou », elle ressemble aux chansons d’autrefois qui disaient leur fait aux grands de ce monde à mots couverts. Même si Béranger précise sa (ses) cible dans la dernière strophe.
Entre la chanson trad et la chanson libertaire style Brassens, elle reste bon enfant, critiquant le nombre d’agents de sécurité mobilisés pour l’évènement, « Bien plus nombreux que les curieux », et, même en civil, repérables de loin. Envoyant d’un coup d’un seul deux flèches, « avec tous ses soucis d’argent » pour la Couine ; « qui aime un peu trop les agents » pour le président.
Malgré (ou à cause de) sa forme la chanson reste très actuelle et de portée universelle.
La reine Elizabeth, parfaitement francophone et, dit-on, francophile, a rendu cinq visites officielles à la France, en 1957, 1972, 1992, 2004, 2014, et se serait rendue quinze fois en France au total. Ayant régné plus de soixante-dix ans, elle a connu quinze premiers ministres différents dans son pays, dix présidents français de Vincent Auriol à Emmanuel Macron, douze présidents américains, reçu près de cent-vingt chefs d’état. Controversée ou admirée, elle était un grand témoin du XXeme siècle.
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