Off Avignon 2022. Hervé Peyrard, pour le poids du papillon
Atypik Théâtre, 22 juillet 2022
Récemment on a rencontré les Zèbre à trois (quelquefois quatre !), où Hervé, avec Ludovic Chamblas aux percussions, et le bassiste Laurent Chieze
« enseignent » la musique aux enfants dans toute sa variété, avec humour, énergie et tendresse. Hervé était d’ailleurs présent dans le spectacle Noir sur blanc qui mêle avec bonheur la chanson au dessin, avec la main de Sylvain Lubac qui compose en direct des tableaux sur écran, un spectacle qui est passé au théâtre du Rempart à 10h05 tous les jours sauf les mercredis. Mais Hervé Peyrard a aussi un répertoire tout public, depuis Chtriky dans les années 2000, le collectif Leprestissimo, puis le Gare à Riffard en 2014 autour de Gérard Morel. Comédien, musicien, il est aussi metteur en scène notamment pour le groupe Évasion.
Hervé Peyrard revient donc ici dans son répertoire solo, « Chansons sauvées du vent« , enfin sous son seul nom, témoignant de son amour pour la chanson française, celle qui devrait porter seule le nom de touche française, pour ne pas dire french touch, une chanson fine, délicate, mélodique, qui a du sens et du sentiment véritable.
À l’Atypik c’est seul et en guitare voix, dans une présentation minimaliste, sans accessoire ni jeux de lumière, qu’il se présente à nos yeux et à nos oreilles attentives – Il existe également une formule en duo avec le pianiste Teddy Gauliat Pitois. Seule une chanson sera chantée accompagnée d’une basse électrique, la Rivière, où la sorcière change les garçons en poissons pour se venger des affronts, reprise en 2021 par Gwen Soli. Dès que l’on entre dans son univers, nul besoin de décor coûteux, il peint ses histoires et ses portraits de sa plume légère, comme un peintre ou comme un réalisateur de cinéma. Et j’ai eu cette impression bien avant d’avoir lu la présentation du spectacle, qui l’annonce aussi comme une suite de court métrages.
Au long de ses chansons se fait évidente la parenté avec Gilbert Laffaille, Alain Souchon, Eric Frasiak, Clément Bertrand…, tous ces artistes qui ont l’art de saisir les sentiments et les sensations par petites touches. Dans ses chansons – « une petites flamme (…) vacille et chancelle », il fait beau « au ciel de tes yeux« , et des petits instants de vie et de voyage, comme peut les décrire Vincent Delerm, viennent nous donner du bonheur : « un soleil d’hiver à Barcelone, quand je suis dans tes bras, l’été sous un arbre à Londres… je donnerais tout ce que j’ai pour le poids du papillon« .
Pour ceux qui ont connu la belle époque des trente glorieuses, il rallume nos souvenirs avec humour avec L’homme qui conduit la DS, qui nous rappelle l’espoir qui régnait à cette époque où tout semblait aller vers un progrès qui apporterait le bonheur. On descend avec lui vers le midi sur la Nationale 7 en écoutant Brassens ou Serge Lama, mais aussi Joe Dassin et Chantal Goya, on se rappelle Un singe en hiver, La tendresse qui a fait un retour remarqué pendant la pandémie… Une époque que les moins de … cinquante ans au moins, ne peuvent pas connaître.
Ayant franchi l’Atlantique, il nous fait pénétrer dans Les tableaux de Hopper, la voix chargée de tendresse et de douceur « Le silence a des couleurs singulières », et nous voilà transportés. Après avoir avalé en direct un moustique qu’il semble avoir bien digéré, c’est cette chanson dansante et mélodique, et pourtant si mélancolique, Une petite vie, venue en direct de l’album Chtriky, exigeant une grande agilité verbale, qui tourne en valse triste, bouleversante, car « Il savait qu’un jour quelqu’un l’avait aimé ».
« Si la pluie s’éclate sur ma casquette, l’eau qui pleure sous mes lunettes vient d’un nuage plus ancien » : c’est un merveilleux hommage qu’il rend à La voix de Jacques Higelin. C’est là qu’on se rend compte avec bonheur que les vrais artistes ne meurent jamais.
Merci à cet ouvreur de rêves, ce rameuteur de souvenirs, poète et peintre de ces instantanés de vie et de ces portraits d’humains modestes, mélange de sourires et de pleurs…On lui laisse cet aphorisme qui va nous servir de philosophie : « On n’est jamais aussi bien tout seul qu’à deux ».
Hervé Peyrard, Chansons sauvées du vent, Vocal 26, 2022 à l’Atypik Théâtre, 95 rue de la Bonneterie, 19h40 jours pairs du 7 au 30 juillet 2022.
Le site d’Hervé Peyrard, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a dit d’Hervé, là. Le site de Zèbre à trois, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a dit, là.
La lueur (en duo à ÀThou bout d’chant, 2019)
Au ciel de tes yeux (audio/paroles)
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