Mouhet 2022. FredOberT, subtil régional de l’étape
Festiv’en Marche, 4 juin 2022, Grange Fernand-Maillaud à Mouhet,
Ailleurs, en un autre festival, il en serait peut-être la surprise. Pas ici, où il fut découvert lors du fameux tremplin et depuis coutumier du lieu. C’est doublement un public de connaisseurs ce soir : connaisseurs d’une chanson « belle et rebelle » (c’est le slogan du Festiv’en Marche et ça lui va bien), connaisseurs du répertoire de FredOberT, ce trio composé de Fred Daubert (chant et guitares), Benoît Caillault (contrebasse et basse) et Yannick Cluseau (guitares et batterie). « C’est une musique un peu désuète / C’est une musique du pays / C’est dans vos cœurs et dans vos gestes / Que je cueille ces bouts de rien ». Rien que du doux, des mots et des mélodies qui se baladent bien, en des portées plutôt jazzy mais pas que. « Jolie palette de couleurs » me souffle ma voisine Dominique Kovacs, une connaisseuse. Du réjouissant. Musique du pays, chante-t-il, du « french rural song ». Certes pas de danses du Berry, mais des sujets qui, ici, font mouche. Comme ce titre sur Mis et Thiennot, ces deux victimes d’une erreur judiciaire, en 1946, dont nombre de militants de leur comité de soutien sont à la tête de ce festival : pour eux, le combat continue : « Garde s’il n’est pas trop tard / Quand ta raison s’égare / L’esquisse d’un espoir / Qu’au mépris des regards / Évidence fait loi / La vérité viendra / Recolorer le ciel / De Raymond et Gabriel ».
Comme cet autre titre sur Marcel Bascoulard, artiste berrichon marginal, qui vécut dans la misère et dont les œuvres se vendent à présent au moins au prix de l’huile de tournesol.
C’est une chanson douce, où pas une note, ou presque, n’est plus haute que les autres. Mais dont les sujets prennent souvent de la hauteur de vue. Ainsi cette chanson suite à un score particulièrement élevé du parti des fachos à la sinistre bannière, quelque part ou ailleurs, pas loin : « Aussi charmant soit-il, cet écrin de nature / Ne peut plus apaiser la peur, le désespoir / Qui poussent elle ou lui à s’offrir en pâture / A des marchands de haine, au fond de l’isoloir ».
Un Brassens, une princesse et un croque-notes pour celui qui l’an passé s’est permis tout un album sur le chanteur à la pipe (dont on retrouve un titre sur le volume 2 de la Collection NosEnchanteurs/EPM) et un titre que ne pourrait que plaire à son estimé confrère par ailleurs garagiste Bel Hubert, une ode à sa vieille mobylette « poignée en coin dans la cambrousse / Avec le vent comme allié / Lancé à la va comme j’te pousse / A la faveur du ciel d’été » : vraiment un beau récital, enchanteurs, qu’on aimerait voir et entendre souvent hors les frontières du Berry, à la conquête d’autres publics qui, fatalement, deviendront vite eux-mêmes connaisseurs.
Le site de FredOberT, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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