Sergio Reggiani a 100 ans
Sergio, tu nais le 2 mai 1922 à Reggio d’Emilie. Tu arrives en France à l’âge de huit ans, encore petit garçon. Bien que premier en français, tu quittes l’école à treize ans car tes enseignants indiquent à tes parents que tu lis au lieu d’écouter les cours. Alors tu te lances dans les arts, en commençant par la coiffure (mais Belleville n’en a pas gardé un souvenir impérissable) avant de jouer avec les mots au théâtre, puis au cinéma et enfin comme chanteur, devenant l’un des plus grands interprètes de la chanson française des années 60 à 80. Interprétant d’abord les poètes, Villon, Rimbaud, Baudelaire, Prévert, Boris Vian …
De Casque d’or (1959) avec Simone Signoret, Jean-Loup Dabadie qui t’a écrit plusieurs de tes grands succès (Le petit garçon, Et puis, L’Italien, Hôtel des Voyageurs, Les mensonges d’un père à son fils, La chanson de Paul, Le temps qui reste) a tiré la chanson Un menuisier dansait, 1973.
Un jour, tu t’es défini comme un saltimbanque : quel joli mot que celui-là car un saltimbanque est une personne qui fait des tours d’adresse, des acrobaties en public. Et c’est ce que tu as fait à travers toute la palette que tu as utilisée et magnifiée : que ceux et celles qui te présentent comme un chanteur triste écoutent Arthur, où t’as mis le corps (texte de Boris Vian, enregistré en 1964 dans son premier disque chanté, chez Canetti), J’suis pas chauvin ou Ça va, ça va. Qu’ils regardent le sorcier indien que tu es dans Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri en 1974 !
En 1977, tu es interviewé sur Antenne 2 à propos de l’engagement du chanteur et tu réponds ce qui est probablement la plus belle des réponses : « Il y a des thèmes plus engagés que d’autres, mais tout est toujours engagé. Chanter une petite chanson d’amour, si c’est une chose de qualité, c’est un engagement ; si c’est une chose mauvaise, c’est aussi un engagement. S’engager à abrutir les gens est un engagement. La qualité est l’engagement, essentiellement. »
A 50 ans, tu chantes repartir pour la centaine, « un demi siècle dans les reins » : tu y es ! Ca va pour toi ? Pour nous, « ça va, ça va, c’est pas la java mais ça va, ça va ». Ton dernier album, Enfants soyez meilleurs que nous, comme de dernières volontés, a été écrit par Jean Dréjac et composé par Michel Legrand. Serge Reggiani est mort le 26 juillet 2004.
Et si tu la rencontres [Sarah] « bizarrement parée, se faufilant, au coin d’une rue égarée, et la tête et l’œil bas comme un pigeon blessé », dis-lui que nous sommes des millions à l’aimer, grâce à toi. (*)
(*) paraphrase de Baudelaire. Le poème posthume de Baudelaire, légèrement modifié par Reggiani, notamment dans l’ordre des vers, sert de Prélude à la chanson Sarah de Georges Moustaki.
Marc GICQUEL
La page facebook officielle de Serge Reggiani, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
Un menuisier dansait, à 2 : 50 (Jean Loup Dabadie, Joss Baselli, 1973)
J’suis pas chauvin (Claude Lemesle/Alice Dona, 1975)
Ça va, ça va (Jean Dréjac / Michel Legrand, 2000)
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