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H.F. Thiéfaine, à l’ombre de la mélancolie

Hubert-Félix Thiéfaine (photos Yann Orhan)

Hubert-Félix Thiéfaine (photos Yann Orhan)

Noir, c’est encore noir. Le dix-huitième album studio d’Hubert-Félix Thiéfaine laisse entendre les échos sombres d’une mélancolie chronique. A l’image d’une époque que le septuagénaire au sourire retenu considère comme en perte de sens. Cette géographie du vide, sans horizon désigné, marque une nouvelle étape vers une possible apocalypse. Depuis l’album Suppléments de mensonge (2011), le Thiéfaine nouveau, selon l’expression de son biographe Sébastien Bataille (1) décryptant l’œuvre du Jurassien, réinjecte du sang neuf dans un parcours initié en 1978 (avec l’album Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir). Il réussit avec l’aide d’autres à renouveler ses couleurs musicales. L’admirateur de Léo Ferré trace son sillon, cultivant sa différence.

CE PAS DE CÔTÉ POUR PERCEVOIR L’ESSENTIEL . Thiéfaine sort de sa quiétude en forêt de Chaux, de son jurassik park paisible, pour nous livrer ce 18e opus qui va en secouer plus d’un. Une fois de plus il surprend, dérange l’auditeur avec cet album qui ne ressemble en rien aux précédents. Comme tout nouvel album il convient de s’en imprégner lentement. Rarement la première écoute ne laisse percevoir toutes les finesses des textes, des mélodies, des arrangements. « Géographie du vide » nous sort de notre zone de confort thiefainienne et, pourquoi ne pas l’avouer, à l’écoute des premiers titres même les plus aficionados seront bousculés, peut être agacés inconsciemment de ne pas retrouver les codes connus qui les ont émus auparavant dans l’œuvre de l’artiste. L’animal n’en est pas à son coup d’essai. Souvenons-nous de la sortie d’« Alambic sortie sud » ou de « Défloration 13 ». Ces ovnis avaient quelque peu surpris pour devenir finalement des incontournables de la discographie. « Géographie du vide » sera un grand cru, un Romanée Conti de sa discographie, un album de garde que l’on savoure lentement pour en percevoir toutes les subtilités aromatiques. Tout est sensoriel et émotion dans cet album jusqu’à sa robe, fruit d’une longue collaboration vertueuse avec l’excellent photographe Yan Orhan. Après plus de soixante ans d’écriture et 43 ans d’albums, Thiéfaine continue inlassablement de créer, d’être inventif, subversif, de bousculer les consciences. Il nous incite, une fois de plus, à faire ce pas de côté pour percevoir l’essentiel. . VINCENT CAPRARO

CE PAS DE CÔTÉ POUR PERCEVOIR L’ESSENTIEL
.
Thiéfaine sort de sa quiétude en forêt de Chaux, de son Jurassik park paisible, pour nous livrer ce 18e opus qui va en secouer plus d’un. Une fois de plus il surprend, dérange l’auditeur avec cet album qui ne ressemble en rien aux précédents. Comme tout nouvel album il convient de s’en imprégner lentement. Rarement la première écoute ne laisse percevoir toutes les finesses des textes, des mélodies, des arrangements. Géographie du vide nous sort de notre zone de confort thiefainienne et, pourquoi ne pas l’avouer, à l’écoute des premiers titres même les plus aficionados seront bousculés, peut être agacés inconsciemment de ne pas retrouver les codes connus qui les ont émus auparavant dans l’œuvre de l’artiste.
L’animal n’en est pas à son coup d’essai. Souvenons-nous de la sortie d’Alambic sortie sud ou de Défloration 13. Ces ovnis avaient quelque peu surpris pour devenir finalement des incontournables de la discographie. Géographie du vide sera un grand cru, un Romanée Conti de sa discographie, un album de garde que l’on savoure lentement pour en percevoir toutes les subtilités aromatiques. Tout est sensoriel et émotion dans cet album jusqu’à sa robe, fruit d’une longue collaboration vertueuse avec l’excellent photographe Yan Orhan.
Après plus de soixante ans d’écriture et 43 ans d’albums, Thiéfaine continue inlassablement de créer, d’être inventif, subversif, de bousculer les consciences. Il nous incite, une fois de plus, à faire ce pas de côté pour percevoir l’essentiel.
VINCENT CAPRARO

« Combien de jours encore à regarder l’horloge / Encore / A regarder passer l’infini dans ma loge ? » Voilà sur une musique d’Arman Méliès comment HF Thiéfaine questionne le temps. Géographie du vide s’ouvre sous un soleil trompeur. Le titre Du soleil dans ma rue  (musique de JP Nataf) est un hommage à Johnny Hallyday et sa chanson Les bras en croix, premier 45 tours entré en 1963 dans le registre de HT.Thiéfaine avouant avoir été influencé par le chant grégorien pratiqué au petit séminaire et le yéyé de ses jeunes années. Dès le titre suivant, Page noire, plus de doute sur la météo du moment. « Nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire / D’imaginer nos rêves au rythme du chaos » chante le familier de l’inespoir. Et les citations littéraires, musicales (Telemann, Malher), picturales (Rembrandt) et images bibliques, de peupler ce lamento sur le temps présent. Sans oublier le passé dans une étrange évocation de la reine Mary Stuart au destin tragique, Fotheringhay 1587.

Le buste malmené et rafistolé, l’image de couverture de l’album (une création du graphiste Yann Orhan), ne laisse aucun doute sur l’état des lieux. L’inconscient œuvre à plein régime dans ces textes oniriques. Comme La fin du roman et Nuits blanches avec ses « délires aux accents ingénus ». L’album traduit encore l’esprit de la famille artistique qui entoure le rebond d’HF. Thiéfaine. De son fils Lucas à Nosfell (sur le titre Prière pour Ba’al Azabab, comme un vent de folie).

Deux tournées sont annoncées pour celui qui a fêté en 2018 et 2019 ses quarante ans de scène. Un futur qui appelle ce romantique de la scène rock à sa façon, provocateur et hypersensible. C’est lui qui le dit. Qui l’eut cru ?

ROBERT MIGLIORINI

(1) Sébastien Bataille, HF.Thiéfaine : animal en quarantaine, éditions de l’Archipel, 496 p. 21 €

 

Hubert-Félix Thiéfaine, Géographie du vide, Columbia Sony 2021. Le site d’Hubert-Félix Thiéfaine, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. En tournée unplugged à partir de janvier 2022 ; tournée électrique à partir de 2023.

« Page noire » : Image de prévisualisation YouTube

« La fin du roman » : Image de prévisualisation YouTube

 

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