Gérald Genty, décoiffé et décoiffant
Huy [Belgique], L’Atelier rock, 9 octobre 2021,
« Bonjour, je m’appelle Gérald Genty et je suis venu vous chanter mes chansons nouvelles et quelques vieilles. Mais comme les anciennes ne sont pas plus connues que les récentes, je vous avertis que la frontière entre les deux est ténue ».
C’est par ces quelques mots que se présente la vedette de la soirée, dans cette grande salle conçue pour abriter des prestations plus électriques et échevelées. Devant l’assistance trop clairsemée, il ajoute avec malice « C’est bien, je vois qu’on respecte les distanciations ».
Et on se dit alors que le chanteur a toute sa place dans cet espace. Car s’il est vrai que Gérald Genty donne plutôt dans la variété/pop, il n’en est pas moins méchamment rock’n roll dans l’âme. Esprit frondeur, (auto)dérision et énergie forment le socle de son répertoire. Nous en aurons encore la preuve ce soir.
C’est en solo qu’il se produit, passant sans cesse de sa guitare à son petit clavier, avec arrêt facultatif sur sa machine à bidouillage qu’il manipule du pied, pour nous lancer des trucs préenregistrés ou nous offrir des effets spéciaux. Il n’hésite pas à faire participer le public, là pour imiter une voiture qui roule, ici pour deviner les mots d’une chanson qui aurait dû être un tube. L’assemblée y répond de bonne grâce, sourire aux lèvres, emporté par la fougue et la bonhomie de l’artiste.
On rit bien sûr beaucoup. Des interventions du chanteur à la tignasse hirsute, comme de ses chansons drôles et finement écrites, où le jeu de mots et le calembour sont rois. Non sans admiration pour ses prouesses stylistiques, avec mention spéciale à Cochons d’Inde, qui voit tous ses couplets s’achever par les mots « vaches à lait » (ou quelque chose qui y ressemble).
Mais le rire se fige parfois. Quand la chanson se fait douce-amère pour aborder des thèmes graves, comme la mort en suspens, la maladie ou le suicide. Ou lorsque l’artiste évoque le sort d’un compositeur jadis célèbre et décédé dans l’indifférence et la solitude. Émotion qui sera à son comble avec Planeur, magnifique titre sur le deuil, tout en pudeur et discrétion. Clown, mais pas que…
Comme il le chante depuis quinze ans déjà, son prénom, c’est Gérald, pas Gérard, Gérald ! Il serait temps que le grand public retienne également son nom, particulièrement accordé à la sympathie qu’il dégage. Gérald Genty, le secret trop bien gardé d’une soirée réussie.
Le site de Gérald Genty, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
ET AVANT CELA
Réjouissante découverte que cette première partie venue de Bruxelles : Lorenzo Deux. Pratiquant l’autodérision à haute dose, il nous a régalés de ses tranches de vie interprétées d’une voix plaintive en s’accompagnant d’une guitare brassénienne. De la chanson inutile pour ouvrir le spectacle (celle qu’on n’écoute pas de toutes manières !) à son autocritique valsée en finale (T’es qu’une merde, s’auto-flagelle-t-il, tandis que le public compatissant lui répond T’es génial, t’es super, t’es d’enfer, on t’adore !), en passant par la déclaration d’amour au footballeur Romelu Lukaku ou les déboires de l’homme largué par sa copine pour avoir regardé YouPorn, tout est drôle, bien tourné et très belge.
Pour l’instant il n’est pas encore trop connu….et c’est bien dommage !