À petits pas, « Recueillement »
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici
À petits pas
Poème de Charles Baudelaire mis en musique par Frank Deal. Extrait de l’album « L’Albatros », 2019
Belle mise en image de ce poème de Baudelaire (1861) interprétée par Claire Sabbagh, Noémie Romero et Florence Mouret, et accompagné à la maurache, guitare sarrazine à trois cordes traditionnelle qui marque le rythme jouée par Frank Deal. La réalisation et les enregistrements musicaux sont d’Angel Salazar.
À petits pas est le duo voix-guitare constitué de Florence Mouret, aux textes, et Frank Deal à la composition. Il « fait résonner les mots, une poésie très singulière personnelle et intime », mis en musique d’une façon très actuelle et inventive, avec un premier album de douze titres en 2016, Mes souliers rouges. Écoutez la chanson titre en concert.
L’album L’Albatros (douze titres) est un hommage à la poésie, mis en musique et interprété par le duo et plusieurs de nos artistes préférés : Michèle Bernard sur Le mal de Rimbaud « Tandis qu’une folie épouvantable broie / Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant (…) Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées », Yves Jamait, Gérard Morel, La Mauvaise Herbe … Ce projet a aussi un but caritatif en soutien à l’Association ASTI (solidarité avec les travailleurs immigrés de Colombes). Pour bâtir un monde plus beau et plus solidaire.
De Lamartine, Hugo, Musset à Paul Eluard en passant par Charles Baudelaire, avec aussi la chanson titre, ou À une passante, d’une étonnante modernité jazz…sans oublier le poète contemporain Robert Gaud récemment décédé, pour un titre particulièrement émouvant, Comme une vue aérienne, interprété par Yves Jamait, Karen Prévault et Florence Mouret « Linceul à mes amours aux ailes arrachées / Octobre a tamisé tes arêtes de brume / C’est déjà la saison où le soleil enrhume / Celle où riront de nous les âmes détachées / Sommeillant à demi, monstrueuse et tranquille / Tu connus des vivants qui sont morts aujourd’hui / De brûlantes amours dont le feu s’est enfui / Depuis plus de mille ans que tu vis, Ô ma ville ! ».
Tous ces poèmes parés de leurs couleurs musicales voyageuses, mélodiques, dans la variété de leurs interprètes, sont autant de belles redécouvertes. On est frappés par Bêtise de la guerre, de Victor Hugo, et ses roulements de tambour dans une mise en musique très rock, montant en puissance, rendant toute la force de ce chant de révolte « À la guerre… ». Ou par le rock très balancé, très blues, inattendu mais ô combien bienvenu, accompagné par un chœur d’enfants, « Ôooo, le chant de la pluie… » d’« Il pleure dans mon cœur », de Paul Verlaine, rebaptisée de l’épigraphe de Rimbaud Il pleut doucement sur la ville.
À petits pas et leurs invités ont célébré le 8 octobre le bicentenaire de Charles Baudelaire à La Passerelle de Saint Julien-Molin-Molette, où ils ont présenté le clip de Recueillement suivi d’une lecture musicale de 14 poèmes de Baudelaire. À suivre sur leur site.
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