Ottilie [B], l’album définitif !

Ottilie [B] (ph auto Ottilie Bé pour le doux duo matière écran-pellicule et les regards avisés de Sarah Seené + Guillaume Vallée)

« J’habite chemin du silence / Ultime surface de réparation / De l’espèce et de l’instance… » Écrire sur Ottilie [B], c’est en préambule adopter son code typographique, précis et délicat. Ces crochets qui enserrent le B, le titre « chevronné » de cet album… Cette typo est un de ses traits de caractère, mais pas le seul, loin s’en faut. Tout en elle s’oppose, se cogne au tout venant ; elle n’est que singularité, qu’il s’agisse de son écriture ou du son et de son traitement. Ottilie fait feu de nombreux bois : chant, danse, théâtre, performances… Cœur ? 3est son troisième opus. C’est pas qu’on y entre avec plus de précaution, mais c’est Ottilie et les codes sont autres, l’écoute s’en trouve modifiée, peut-être plus attentive encore… L’écoute se fraye un passage. C’est de la chanson d’aujourd’hui et de je ne sais quand, de je ne sais où. Au hasard des plages, des rencontres inattendues mais pas tant que ça. Tiens, Dimoné ! Tiens, Nicolas Jules ! Et Wendy Martinez, et Oriane Lacaille (de Bonbon Vaudou) à l’entame du disque pour un Définitif sans appel : « If I dare to give / c’est définitif / Donne au corps le kiff l’accord qui s’adonne au corps, le kiff »

Voix, percussions, synthétiseurs, beats, violoncelle, rires, roulèr, keyemb, guitares, mini clavier… la bande son fait de l’improbable son possible. Rien que la musique est ici passionnante qui maille le moderne et le traditionnel (l’incantatoire duo du début, avec Lacaille, fait dans le tribal) en un superbe et riche ruban. « Coup de cœur/Coup de corps/Coup de coude/Coude à coude / Tout à coup/Tout à l’extrême/Tout/. / Tout à l’envers/Tout à l’encore/Pulse/Coup de bol/Peau d’balle… »

Ottilie [B] gomme les codes, réinvente une chanson avenante, chatoyante, mystérieuse, énigmatique. On a envie de suivre chaque mot, chaque vers, de sa naissance à la commissure des lèvres de la chanteuse jusqu’au dernier écho en nous. A chaque fois faire ce voyage quasi initiatique. Être présent à chaque instant, « Au cri du cafard, pleuvent les ridules / Du ridicule / Le cri du cafard, l’heure minuscule / Où tout bascule ».

On dit Ottilie [B] aérienne, ce que son chant est, sans nul doute. Elle n’en est pas moins ancrée dans le terreau de son art, enracinée, solide, charnelle. « Ce qui rentre et ce qui sort / Pour boire manger jouir / Mon corps mes règles / Ce qui pulse et ce qui pense / Pour parler pleurer sourire / Mon corps mes règles / Ce qui vivre et ce qui dort / Pour chanter danser courir / Mon corps mes règles / Ce qui s’écoule ce qui dévore / Ce qui s’écoule ce qui dévore / Mon corps mes règles ».

Il faut se méfier des artistes en conserve vendus en pack comme les produits de consommation qu’ils sont. Préférez-leur une Ottilie qui évolue en toute liberté, en grande sérénité, en perles de pure beauté.

Ottilie [B], Cœur ? 3, Du vivant !/L’Autre ditribution 2021. Le site d’Ottilie [B], c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Définitif » : 

« Coeur » :