Barjac 2021. Bastien Lucas, « félin / fait l’un pour l’autre »
Sauvé dans Babette Richard, En scène, Festivals
Tags: Barjac 2021, Bastien Lucas, Nouvelles
5 août 2021, festival Barjac m’en chante,
On l’avait vu la veille, sous ce même chapiteau, avec ses copains Delphine Keryhuel et Laurent Malot, à joliment réveiller Ricet Barrier, délicatement nous le restituer. Cette fois-ci, Bastien Lucas est seul. Enfin… seul, c’est vite dit. Il est avec nous pour nous parler de lui, de lui à des dates précises de son histoire. Des chansons comme un chapelet… De lui et de notre Terre, avec laquelle il joue. Comme un Chaplin… Des repères dans le calendrier, le sien, le temps, je n’ose dire l’espace temps mais c’est vrai qu’il joue avec la planète comme avec un ballon de basket, façon valse d’une Odyssée de l’espèce. Par la plume de Catherine Laugier, par la mienne aussi, NosEnchanteurs a eu grand plaisir à déjà chroniquer ce désirable spectacle. Faire redite serait quelque peu bégayer. Alors on vous repasse et le spectacle complet (vidéo ci-dessous) et l’article qui va avec. Logiquement, ça devrait vous faire regretter ce concert, si vous n’y étiez pas :
« Seul sur scène, à la guitare, aux claviers, aux samples. Et au planisphère, avec lequel il joue. L’artiste vient faire retour sur lui, en une autobiographie intime. Avec pour repères des dates qui, dans la foulée, amènent chacune une chanson, un souvenir, une émotion. Lui est né un 7 mai 1981 à Calais. C’est là, côté manche de veste, pile au bout de son doigt sur le planisphère. S’il jongle avec sa planète gonflable, il le fait aussi avec ces dates qu’il tient pour repères : 21 décembre 1985, « je parcours ce nouveau monde depuis déjà quatre ans et demi » ; 25 janvier 1990, « j’ai neuf ans, je cherche les traces de mon père » ; 20 mars 1996, « l’équinoxe éveille en moi un instinct de conquête » ; 1er avril 1998, « des créatures dans des moments intimes… » : 17 mai 2006, « je viens d’avoir vingt-cinq ans, j’ai le mal de Calais », « moi ce que je veux c’est la mer, c’est le vent / c’est l’espace et le temps / c’est de l’eau, de l’air et du courant… »
Le tout fait un peu carnet de bord, plus sûrement collection de perles, collier de petites merveilles, de coquillages dans lesquels on entend la musique de la mer et d’autres mélodies : rien que de potentiels tubes, s’il existait toutefois des programmateurs intelligents en radios et télés (soyons fous mais ne rêvons pas).
La scène n’est pas bien grande mais l’art de Bastien Lucas l’élargit sans mal, dans le temps, dans l’espace. La remplit d’émotions. Une émotion très personnelle, un peu comme si la Terre tournait autour de lui. A l’image du globe, c’est elle qui anime ce récital, ce répertoire, ce nouvel album. La Terre, la mer, ses saisons, des paysages parcourus d’humains. Des vers qui viennent d’instinct : « On est félins / Faits l’un pour l’autre / Et pour la vie / Tous les instincts / Qui sont les nôtres / Nous l’ont dit / Mais pour ma main / C’est pour une autre / Je l’ai promis ». Il y a ici la douceur et la contemplation. Le franco-québécois Daran, qui a assuré la réalisation de l’opus, ne doit pas être étranger à ces thématiques, cette ambiance. Comme jadis Gabriel Yacoub, premier producteur de Lucas (Essai, en 2007), dont on sent ici et là quelques traces.
Une Terre qui certes tourne autour de lui, mais dont la focale s’élargit progressivement aux tristes préoccupations du Monde, à l’égoïsme ambiant. Le sommet du répertoire de Bastien Lucas tient à cette chanson hélas absente du nouvel opus discographique, promesse sans doute d’enregistrement futur. Une merveille comme on en a rarement écrit, Ouvrez : « Ouvrez, ouvrez-nous / Seules vos barrières nous rendent étrangers ». Logique me direz-vous pour un Calaisien d’ouvrir les yeux et d’inciter autrui à ouvrir les bras à ceux qui, pour fuir guerre et misère, pour faire la Manche, s’agglomèrent en cette jungle. Rien que pour cette chanson, à tous les titres : bravo ! »
Le site de Bastien Lucas, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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