Mélaine Favennec « Le couteau »
- « Pardon, Monsieur le Métayer, ma
Si, de nuit, je dérange ;
Mais je voudrais bien sommeiller
Au fond de votre grange !
– Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson;
Donne-toi donc plutôt la peine
D’entrer dans la maison !
- « Mon bon Monsieur, je suis trop gueux ;
Qué gâchis vous ferais-je !
Je suis pied-nus, sale et boueux !
Et tout couvert de neige !
– Mon pauvre ami, quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux;
Pouille-moi ce tricot, de suite
Chausse-moi ces sabots ! »
Le label EPM annonce, pour le 19 mars, la réédition de son coffret de 14 CD « Anthologie de la chanson française – La tradition » jadis coordonné par Marc Robine, et de l’imposant livre (plus de 900 pages) qui va avec. Cette anthologie, publiée en 1994, n’était plus disponible depuis longtemps. Elle devrait être commercialisée le mois prochain au prix assez dérisoire de 59 euros, qui plus est dans un tirage pour le moins limité de 500 exemplaires seulement. Cette somme de plus de 300 chansons voit grand nombre d’interprètes issus du mouvement folk français des années soixante-dix (Jean-François Dutertre et Jean-Loup Baly, de Mélusine ; Hal Collomb, de La Chiffonie ; Jacky Bardot et Jean Blanchard, de La Bamboche, René Zosso, La Kinkerne…) avec, en tout premier lieu, Gabriel Yacoub (de Malicorne) qui en a assuré, avec Marc Robine et Emmanuel Pariselle, la direction musicale. Également au générique : Marc Robine, Anne Sylvestre, Gilles Elbaz, Michèle Bernard, Marc Ogeret, Chantal Grimm, Gérard Pierron, Gildas Arzel, Pierre Perret, François Hadji-Lazaro et bien d’autres encore. Dont le Breton Mélaine Favennec, qui nous gratifie de cette superbe interprétation de Le couteau, de Théodore Botrel.
Chanson étonnante pour qui n’a de Théodore Botrel qu’une vision parcellaire, parfois caricaturale, tant il est vrai que la simple évocation de cet artiste du XIXe siècle fait encore controverse : il est vrai qu’une grande partie de son répertoire a donné une image caricaturale de son pays natal, image fortement folklorisée d’une Bretagne (et d’une Vendée !) baignant dans les bondieuseries et les traditions ancestrales. C’est aussi Botrel qui, par décision du ministre de la Guerre, dès fin août 1914, alla chanter dans les cantonnements pour remonter le moral des troupes nombre de titres exaltant le sacrifice des poilus et l’ardeur belliciste.
Reste qu’on doit cependant à Botrel cette perle, ce bijou, qu’est Le couteau. L’interprétation de Mélaine Favennec en fait sans aucun doute le sommet de cet imposant et indispensable coffret.
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