Bénabar, la vie est une belle histoire
Sauvé dans L'Équipe, Robert Migliorini
Tags: Bénabar, Nouvelles
Ce pourrait être un des « retours gagnants » de ce début d’année pandémique. Le tout nouvel album de Bénabar donne envie de réécouter un artiste passé un temps de la gloire au tracas. Souvenez-vous : en 2004 l’équipe de la revue Chorus (les cahiers de la chanson) offre sa couverture à Bénabar, aux côtés de Jeanne Cherhal et de Vincent Delerm. Un long entretien du trio sous forme de table-ronde détaille alors les promesses d’une génération qui donne un coup de jeune au genre chanson française qui sort de l’ordinaire des tubes formatés. Bénabar chef de file ? Le pronostic se base sur des faits réels. Pour ses 35 ans à l’époque Bénabar (Bruno Nicolini) a déjà sorti trois albums studio et reçu quelques lauriers prometteurs. « Je revis toute ces séquences avec gratitude » reconnaît aujourd’hui Bénabar qui a eu la chance de faire ses débuts dans des petits lieux propices en ces temps déjà anciens pour se faire un nom. A la différence des nouveaux talents d’aujourd’hui privés de ces scènes et dont leur aîné se préoccupe du sort.
La période qui a suivi ses premiers succès apparait plus routinière et floue. Le natif de banlieue parisienne, assurant que Michel Delpech est un de ses mentors, se perd alors en chemin. Tentant sa chance à l’occasion au cinéma et au théâtre, sans cesser de composer et d’écrire. On pourrait en ressortir blasé ou douter plus que de coutume. Ce n’est pas du tout l’état d’esprit de Bénabar.
En 2021, revoilà un Bénabar offrant un bon album (le 9ème en studio), destiné à toucher un large public. Celui qu’il a su conquérir aussi au fil de concerts à la mise en scène capricante, blagueuse, et sur des titres interprétés en fanfare avec ses musiciens. Entouré d’une nouvelle équipe dont Pierre-Yves Lebert co-auteur pour sept textes, Bénabar maintient le cap : divertir, sans renoncer à aborder des sujets utiles. Cultiver un brin de légèreté qui ne concède pas ouvertement à l’air du temps. Ainsi le titre phare « Les indociles heureux » où les donneurs de leçons et autres bad boys en guimauve en prennent pour leur grade. On peut aimer hausser le ton et se déclarer romantique. Les belles histoires, une des deux chansons écrites durant le premier confinement, évoquent ces premières fois qu’on se sent deux. A l’autre bout des sentiments «Tous les divorcés » dit sur un ton apaisé que l’on peut avoir plusieurs amours dans une vie.
L’album éclectique à souhait alterne les humeurs. Celles d’un cinquantenaire dans « Oui et alors » et les retours sur l’esprit d’enfance comme dans « Un lego dans la poche ». Le tout avec une tonalité positive. Les couleurs musicales apportées par le pianiste Johan Dalgaard donnent le la. Un des sommets de l’album « Au nom du temps perdu » revient à la façon d’un bref scénario sur le parcours d’un homme qui revient lors d’un enterrement sur un épisode difficile de sa vie. Une ballade pas morbide du tout, haute en couleurs et forte en tendresse.
Album du retour à la confiance « Indocile heureux » éclaire d’un jour moins sombre la saison. Bénabar n’oublie pas au passage de se soucier des plus fragiles de nos sociétés, ceux qui souffriront plus que d’autres. Indocile et idéaliste incorrigible contre l’adversité.
Robert MIGLIORINI
Bénabar, Indocile heureux, Sony Music France, 2021, Format CD ou vinyle. Le site de Bénabar, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
Tous les divorcés, version acoustique
Les belles histoires, clip officiel
Au nom du temps perdu, session de concert
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